– Pouvez-vous nous en dire plus sur la découverte des poissons morts au barrage Taksebt ? Depuis le 20 août, il a été observé la présence de poissons morts au barrage de Taksebt, notamment sur la rive gauche de l'oued Sebaou, qui alimente cette infrastructure hydraulique. Le phénomène a aussi été observé sur la partie sud du barrage, où le niveau de l'eau baisse régulièrement. Nous nous sommes rendus sur les lieux afin de constater le phénomène et suivre de près son évolution. Certes, ce même phénomène ne s'est pas aggravé, mais il persiste encore. Des tournées sont régulièrement effectuées par nos services, ceux de la direction du barrage de Taksebt, la Seaal (Société des eaux et de l'assainissement d'Alger), avec la coopération du Laboratoire de l'eau de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Des prélèvements ont été effectués et les analyses ont révélé la présence d'un taux de chlore anormalement élevé. Il était auparavant de 0,06 mg/l, et il est passé à 0,15 mg/l, alors qu'il s'agit d'une eau brute qui ne devrait pas contenir autant de chlore. Nous n'avons pas encore cerné les causes de ce phénomène, dont l'origine nous semble volontaire. Nous supposons, en effet, qu'il s'agit d'une introduction de ce produit pour améliorer la pêche. Ce phénomène est d'abord bien localisé, et la zone du barrage touchée est très fréquentée par les pêcheurs. Cela nous amène à penser qu'il y aurait peut-être une utilisation de produits contenant du chlore, comme la chaux ou l'eau de javel, dans le but de faciliter la capture des poissons. Je tiens à souligner que pour l'homme, ce taux, même élevé par rapport à la normale, n'est pas nuisible, dès lors qu'il ne dépasse pas la norme de 30 mg/l, qui est présente dans l'eau de robinet que nous consommons. Il demeure que ce taux est nocif pour les poissons qui vivent dans le barrage. Il faut aussi noter que les services de la direction de la pêche ont eux aussi procédé au transfert d'échantillons des poissons morts au laboratoire de contrôle et d'analyse des produits de la pêche et d'aquaculture et de la salubrité du milieu pour une analyse complète devant confirmer la cause du phénomène. – Avez-vous entrepris des mesures pour parer à ce phénomène ? Pour le moment, nous suivons de très près l'évolution de ce problème survenu depuis le 20 août dernier. Nous privilégions en parallèle la communication, la sensibilisation et l'information des citoyens afin de freiner et d'atténuer son ampleur. Si l'hypothèse de l'acte volontaire se confirme, nous serons dans l'obligation de recourir à des mesures répressives en surveillant les lieux et en procédant à un dépôt de plainte pour protéger l'infrastructure et veiller à son équilibre écologique, ainsi que sur la qualité de l'eau. Car il faut aussi rappeler qu'il y a des décharges sauvages, en plus de certains comportements qui nuisent à l'environnement du barrage. Il a été signalé, en effet, des citoyens qui lavent et font les vidanges de leurs véhicules sur les berges du barrage. – Taksebt est-il écologiquement menacé, surtout que le projet des six stations d'épuration n'a pas abouti ? A titre préventif, une étude a en effet été faite il y a quelques années, faisant ressortir la nécessité de réaliser six stations d'épuration en amont du barrage de Taksebt. Le projet peine à voir le jour. Il a dans un premier temps été gelé, puis a été dégelé en septembre 2018. Actuellement, c'est toujours au stade du lancement de l'avis d'appel d'offres. Mais nous tenons à rappeler que la station d'épuration du barrage est conçue pour parer à tout risque de contamination de l'eau distribuée et nos services veillent actuellement à faire la lumière sur cette affaire des poissons morts.