Aucune nouvelle autorisation d'exploitation des matériaux alluvionnaires ne sera accordée à des opérateurs, publics ou privés, durant les six mois que doit durer le moratoire quant à l'interdiction de cette activité. Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a expliqué, dimanche, en marge d'une visite d'inspection dans les wilayas de Skikda et Annaba, les modalités d'application de l'arrêté ministériel publié au Journal officiel en date du 2 mai. Cet arrêté étend l'interdiction de l'exploitation de sable de lits d'oued et autres crues d'eau à des centaines de tronçons de rivières, dans les communes de 47 wilayas. Cette activité, plus que dommageable pour l'environnement, avait été interdite par les autorités qui, se faisant, escomptaient encourager la fabrication de sable de carrière. Toutefois, et comme « le sable d'oued coûte moins cher que celui de carrière », le pillage n'a pas cessé pour autant, faisant en plus se former un véritable trafic autour de ce matériau de construction. « Nous avions interdit l'extraction du sable. Toutefois, cette décision a freiné, parfois même bloqué, de nombreux projets, tels ceux du secteur de l'habitat », a-t-il déclaré. Raison pour laquelle « la solution a été d'aménager la loi pour permettre l'exploitation dans certains endroits du pays. Cependant, ce, uniquement, lorsque cela ne gêne pas l'environnement. Mais cela demeure interdit où des préjudices environnementaux peuvent être constatés », a précisé le ministre. Six mois ont ainsi été donnés aux opérateurs qui activent dans ce secteur afin de régulariser leur dossier. « Un cahier des charges a été mis en place, qui définit les endroits qu'il est strictement interdit de toucher sur tout le territoire national », a-t-il ajouté. De même, la direction de l'environnement de chaque wilaya doit impérativement donner son avis favorable quant à chaque dossier, étant la seule à pouvoir apprécier l'impact nocif ou non de cette exploitation sur l'environnement. « Cette enquête sur les effets de l'extraction est assurément la pièce du dossier la plus difficile à fournir », affirme le ministre. Cette opération, selon les aveux de celui-ci, avance doucement, seuls « quelques cas ayant été régularisés ». Toutefois, et en dehors des opérateurs qui exercent déjà et qui ont six mois pour se mettre en règle avec la loi, aucun autre exploitant ne sera toléré. « Dans la phase transitoire des régularisations, les nouveaux doivent impérativement répondre à la nouvelle réglementation », a assuré le ministre. La procédure d'établissement de dossier s'effectue à la wilaya, qui, après étude, le transmet au ministère des Ressources en eau, qui examine la conformité de la demande. Puis, le wali signe l'arrêté de permission d'extraction, « mais sur la base de l'avis favorable du ministère, ce qui nous permet un meilleur contrôle, au niveau local et central », a-t-il précisé. Et s'ils ne se conforment pas à cette décision, les exploitants seront considérés comme pilleurs de sable. Les services de sécurité, particulièrement la Gendarmerie nationale, et les services de contrôle des eaux, se chargeront du contrôle des zones protégées, « les contrevenants risquant la saisie du matériel avec des poursuites judiciaires », menace le ministre.