L'Iran compte proposer une nouvelle vision sécuritaire régionale. Il s'agit de l'Initiative de paix d'Ormuz (Hope). Washington a récemment formé une coalition militaire maritime pour protéger la navigation, rejointe les 18 et 19 septembre par Riyad et Abou Dhabi. En ce qui concerne les problèmes complexes et difficiles auxquels le golfe Persique est confronté aujourd'hui, la visite de cette année à New York est très importante.» C'est ce qu'a déclaré hier le président iranien, Hassan Rohani, avant de quitter Téhéran pour prendre part aux travaux de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU) à New York. «Cette année, nous rendons visite aux Nations unies au moment où les sanctions injustes imposées par les Etats-Unis contre la nation iranienne ont atteint un niveau tel qu'ils admettent eux-mêmes qu'il n'y a plus rien à faire sous sanctions, ce qui signifie que les Américains sont complètement désespérés», a-t-il soutenu. Observant que les sanctions imposées par les Etats-Unis ne leur permettront pas d'obtenir ce qu'ils veulent, il a indiqué que son pays a résisté à ces mesures punitives. Pour le président iranien, «il y a des préoccupations dont les causes profondes sont assez claires, mais avec les accusations des Américains, il est clair qu'ils poursuivent d'autres buts». «Les Etats-Unis veulent complètement prendre le contrôle de la région et de tout le pétrole dans l'est de l'Arabie Saoudite. C'est bien sûr ce que les Etats-Unis se disputent avec la Chine et d'autres», a-t-il ajouté. Et de poursuivre : «Les Américains veulent tirer le meilleur parti de cette opportunité et cherchent à conclure des contrats d'un milliard de dollars en systèmes de défense avec les pays de la région, ce qui indique qu'ils ont d'autres objectifs pour maintenir leur présence dans la région.» Faisant référence à l'Initiative de paix d'Ormuz (Hope), qui sera proposée par Téhéran à l'Assemblée générale de l'Onu, le président iranien a expliqué qu'elle consiste en «une coopération massive dans la région du golfe Persique pour la sécurité régionale et nous souhaitons que tous les pays de la région participent sur cette voie». «Cette initiative concerne non seulement la sécurité, mais aussi d'autres questions (…). Tous les Etats du littoral du golfe Persique, de la région d'Ormuz et les Nations unies sont invités à participer à cette initiative», a-t-il précisé. Rohani a rappelé que «les Américains sont dans notre région depuis 2001, mais ils n'ont jamais réussi à établir la sécurité dans la région». Ainsi, «la solution viendrait de l'intérieur de la région et que ceux qui viendraient de l'extérieur ne pourraient apporter la paix à notre région», a-t-il ajouté. Il a relevé que, pour la première fois depuis un an et demi dans l'histoire des tensions américano-iraniennes, les Etats-Unis sont isolés politiquement, «à l'exception d'un ou deux petits Etats qui sont leurs disciples, la très grande majorité des pays condamnent les actions américaines». Concernant les attaques le 14 septembre des installations pétrolières d'Aramco en Arabie Saoudite, il a estimé que «toute opinion publique libre dans le monde condamne l'incident» qui «est le produit des Etats-Unis, de l'Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis, du régime sioniste et des agresseurs du Yémen». Echeveau Les relations entre Téhéran et Washington sont sous tension depuis que, en mai 2018, les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement de l'accord international sur le nucléaire iranien, conclu à Vienne en 2015, rétablissant des sanctions économiques contre la République islamique dans le cadre d'une campagne de «pression maximale». Elle a pris une dimension inquiétante, particulièrement dans le Golfe, depuis qu'en mai dernier, l'Iran a commencé à réduire ses engagements en matière nucléaire, et une série d'attaques contre des pétroliers et des installations sur cette voie stratégique. Washington a depuis formé une coalition militaire maritime pour protéger la navigation, rejointe les 18 et 19 septembre par Riyad et Abou Dhabi. La pression augmenté au lendemain d'une attaque aérienne le 14 septembre contre des installations pétrolières stratégiques en Arabie Saoudite, que Washington et Riyad ont, à des degrés différents, attribué à Téhéran. De leur côté, les Etats-Unis vont chercher à l'Onu un soutien international face à Téhéran, a déclaré dimanche le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. Il a toutefois souligné sur la chaîne ABC vouloir que le président Trump «donne à la diplomatie toutes les chances de réussir». «Je suis à New York, je serai à l'Onu toute la semaine pour en parler (…). Nous espérons que les Nations unies adopteront une position de fermeté.» L'Onu «a été créée exactement pour ce genre de choses, quand un pays attaque un autre pays, et nous espérons que les Nations unies se mobiliseront sur ce que c'est», a signifié le chef de la diplomatie américaine, qui a de nouveau affirmé que «c'était une attaque iranienne, menée avec des missiles de croisière» qui a ciblé le 14 septembre les installations du groupe pétrolier saoudien Aramco. L'Iran nie toute responsabilité dans ces attaques aériennes qui ont été revendiquées par les rebelles houthis soutenus par Téhéran, au Yémen. Au lendemain des attaques en Arabie Saoudite, Donald Trump a accru les sanctions contre la Banque centrale iranienne. Sur l'envoi de renforts militaires dans la région annoncé vendredi par le Pentagone, Mike Pompeo a souligné que l'objectif est de «forcer l'Iran à prendre la décision de devenir un pays normal». A bord d'un avion l'emmenant au siège de l'Onu, le Premier ministre britannique Boris Johnson a accusé à son tour l'Iran d'être «avec un très haut degré de probabilité» derrière ces attaques. «Je peux vous dire que le Royaume-Uni attribue à l'Iran avec un très haut degré de probabilité les attaques d'Aramco», a déclaré hier le dirigeant britannique qui doit rencontrer le président iranien aujourd'hui au siège de l'Onu. «La difficulté est de savoir comment organiser une réponse internationale», a-t-il poursuivi, ajoutant : «Nous allons travailler avec nos amis américains et nos amis européens pour construire une réponse qui tente de réduire les tensions dans la région du Golfe.» «De toute évidence, si les Saoudiens ou les Américains nous demandent de jouer un rôle, nous envisagerons de quelle manière nous pourrions être utiles», a-t-il avancé. «Nous travaillerons avec nos partenaires internationaux à une réponse diplomatique forte et à la stabilité dans la région», a affirmé de son côté sur Twitter le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab. Les relations brouillées de longue date entre Londres et Téhéran se sont encore dégradées après la saisie dans le détroit d'Ormuz du navire suédois battant pavillon britannique Stena Impero, le 19 juillet, par l'Iran pour «non-respect du code maritime international». Hier, le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabiei, a indiqué que le tanker en question arraisonné en juillet par l'Iran dans le détroit d'Ormuz était désormais «libre de ses mouvements». Cette décision intervient après qu'un pétrolier iranien eut été autorisé, le 15 août, par le tribunal de Gibraltar à repartir de ce territoire britannique situé à l'extrême sud de l'Espagne, après avoir été saisi le 4 juillet. Alors que les Etats-Unis ont demandé aux autorités de Gibraltar de prolonger l'immobilisation du navire, qui a fini par être placé sur la liste noire de Washington.