Devant la menace militaire que constitue l'Iran pour sa présence dans la région du Moyen-Orient, l'administration américaine a adressé un “message fort” à Téhéran en décidant de vendre 84 F15 et de moderniser 70 autres déjà livré à Riyad pour un montant de 30 milliards de dollars US. Bien qu'elle n'ait pas donné pour l'instant le feu-vert à une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes, que Tel-Aviv ne cesse de réclamer, Washington a mis indirectement en garde Téhéran à travers le contrat d'armement conclu avec l'Arabie Saoudite, prévoyant une vente de 84 avions F-15 et la modernisation de 70 autres déjà livrés. Il s'agit d'une réponse à la récente menace iranienne de fermer le détroit d'Ormuz, même si Andrew Shapiro, un responsable du département d'Etat, n'y fera aucune allusion en se contentant d'affirmer que cette transaction “va améliorer les capacités de dissuasion et de défense de l'Arabie Saoudite contre des menaces extérieures à sa souveraineté”. Mais le fait que l'annonce soit faite en pleine montée des tensions avec l'Iran, laisse penser que les Etats-Unis ne l'ont pas fait fortuitement. S'il est vrai que “cet accord renforce les relations solides et de longue durée entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite, et démontre l'engagement des Etats-Unis à de fortes capacités défensives saoudiennes, une composante importante de la sécurité régionale”, comme l'a souligné le porte-parole adjoint de Barack Obama, Josh Earnest, depuis Hawaï, il n'en demeure pas moins qu'elle intervient à une période où la tension est très vive entre l'Iran, puissance régionale rivale de l'Arabie Saoudite, et les Etats-Unis, alliés de longue date de Riyad, l'un de leurs principaux fournisseurs de pétrole. Il ne fait aucun doute que les dernières menaces de Téhéran de fermer le détroit d'Ormuz, par où transite entre un tiers et 40% du trafic pétrolier mondial, en cas de nouvelles sanctions internationales contre son programme nucléaire, un geste n'ont pas laissé les Américains insensibles. Une telle mesure de l'Iran l'exposerait inévitablement à une réaction militaire des Etats-Unis. Par ailleurs, le ton est monté entre Iraniens et Américains après les menaces de Téhéran, si l'on en juge par les déclarations du général Hassan Salami, numéro deux des gardiens de la révolution, la force d'élite du régime islamique, dans lesquelles il a rejeté jeudi les mises en garde des Etats-Unis contre la fermeture du détroit, soulignant que l'Iran agirait avec détermination “pour défendre ses intérêts vitaux”. Ce regain de tension coïncide avec l'arrivée d'un porte-avion américain dans la zone où Téhéran a démarré samedi dernier des manoeuvres navales, après qu'il eut traversé le détroit d'Ormuz “depuis le golfe Persique pour venir en mer d'Oman”, à en croire la même source iranienne. Pour rappel, mardi, le vice-président iranien Mohammad Reza Rahimi a affirmé qu'“aucune goutte de pétrole ne transitera par le détroit d'Ormuz” si les pays occidentaux adoptaient des sanctions contre les exportations pétrolières de l'Iran en raison de son programme nucléaire controversé. Le lendemain, le commandant de la marine iranienne, l'amiral Habibollah Sayyari, a souligné qu'il était “très facile” pour l'Iran de fermer le détroit, tout en estimant qu'une telle mesure n'était pas nécessaire pour l'instant. Réagissant à ces menaces, Washington a mis en garde Téhéran mercredi soir, en affirmant qu'“aucune perturbation du trafic maritime dans le détroit d'Ormuz ne sera tolérée”. Du côté de l'Arabie Saoudite, on a expliqué vendredi avoir décidé d'acheter 84 chasseurs-bombardiers F15 aux Etats-Unis afin d'atteindre un niveau de défense maximal pour “protéger son peuple et son territoire”. Un porte-parole du ministère saoudien de la Défense, cité par l'agence de presse officielle SPA, a déclaré que le contrat “garantit au royaume de bénéficier des capacités de défense les plus élevées possibles pour protéger son peuple et son territoire”. M.T.