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Le FLN, le parti-Etat qui compte le plus de détenus à la prison d'El Harrach Une dizaine de ses cadres et anciens hauts responsables accusés de corruption
Le parti du Front de libération nationale (FLN) continue de compter le nombre de ses anciens cadres dirigeants placés en détention à la prison d'El Harrach. Ex-ministres, députés et sénateurs, ils sont, pour la plupart, accusés dans des affaires dites de corruption et écroués en attendant la fin des instructions judiciaires et l'ouverture de leurs procès. Une première pour cette formation, qualifiée d'appareil du pouvoir, y compris après l'avènement du multipartisme. En effet, jamais depuis l'indépendance de l'Algérie ce parti, accusé aujourd'hui d'usurpation d'un patrimoine commun à tous les Algériens, le sigle FLN en l'occurrence, n'a vu son image aussi ternie. Et pour cause, ses anciens dirigeants, dont certains se considéraient, jusqu'à un passé très récent, comme des dépositaires de l'indépendance de l'Algérie, tombent tour à tour. Le dernier en date est l'ancien ministre des Travaux publics et député de Annaba, Boudjemâa Talaï. Déchu de son immunité parlementaire suite à une demande introduite dans ce sens par le ministère de la Justice, l'homme a été auditionné, hier matin, par le juge d'instruction près la Cour suprême qui a décidé de le placer sous mandat de dépôt. Il est poursuivi, notamment, pour «abus de fonction» et «dilapidation de deniers publics» lorsqu'il était à la tête du ministère des Travaux publics. Ce dernier rejoint ainsi ses anciens collègues du parti qui séjournent à la prison d'El Harrach depuis plusieurs semaines déjà. Parmi eux, il y a deux ex-secrétaires généraux, à savoir Djamel Ould Abbès et Mohamed Djemaï. Le premier a dû renoncer, sous la contrainte, à son immunité parlementaire pour se mettre à la disposition de la justice qui l'a auditionné sur des affaires de détournement de l'argent du ministère de la Solidarité nationale, entre 2008 et 2010. Il a été alors placé en détention, au même titre que son collègue au Sénat et ministre FLN dans plusieurs gouvernements, Saïd Barkat. Ce dernier est poursuivi dans la même affaire que Djamel Ould Abbès. Le second (Djemaï, ndlr) était même en campagne de grimage du blason de l'ex-parti unique lorsqu'il a été réclamé par la justice. Sans résistance, il a renoncé à son immunité parlementaire pour se mettre à la disposition du magistrat chargé de son dossier. Ould Abbès, Djemaï et Barkat sont rejoints par l'ancien ministre des Travaux publics et directeur de campagne du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, pour un 5e mandat, Abdelghani Zaalane. Poursuivi pour «dilapidation de deniers publics», «utilisation illicite en sa faveur ou en faveur d'une tierce personne ou entité de biens publics» et «abus de fonction», l'ex-wali d'Oran a été incarcéré au début du mois d'août dernier. «Une majorité écrasante»… à la prison La liste des anciens responsables de l'ex-parti unique arrêtés s'est allongée, avec le placement en détention provisoire de Mahdjoub Bedda, ex-ministre de l'Industrie dans le gouvernement de Abdelmadjid Tebboune, et de l'ancien ministre de la Poste et des TIC, Moussa Benhamadi. A la surprise générale, l'ancien ministre de la Justice, auquel on prêtait même des ambitions présidentielles, Tayeb Louh, a été aussi rattrapé par les juges de la Cour suprême qui l'ont placé à son tour sous mandat de dépôt. Il est aussi accusé d'«abus de fonction», «entrave au bon fonctionnement de la justice», «incitation à la falsification de procès-verbaux officiels» et «incitation à la partialité». Un autre ancien ministre du FLN, en l'occurrence Abdelmalek Boudiaf, a été placé sous contrôle judiciaire. A ces derniers, il faut ajouter l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui, même s'il n'était pas cadre dirigeant du parti, était militant de cette formation depuis l'époque du parti unique. La justice attend aussi des députés de ce parti, dont Baha Eddine Tliba qui fait, depuis quelques jours, dans la résistance. Celui qui était le premier à lancer la campagne pour le 5e mandat de l'ex-chef de l'Etat en décembre 2017 se dit victime de la «bande» qu'il aurait dénoncée. A la veille de la décision de l'APN appelée à trancher la question de la levée de son immunité parlementaire, au même titre que l'autre député du FLN Saker Berri et son collègue du RND Smail Benhammadi, Baha Eddine Tliba tire un dernier baroud d'honneur en publiant un communiqué dans lequel il tente de se défendre. En tout cas, l'ex-parti unique détient déjà la «majorité écrasante»… à la prison d'El Harrach. Il dépasse de très loin ses anciens alliés de la majorité présidentielle, le RND, TAJ et le MPA, avec une cellule pour chacun d'entre eux.