Le député FLN d'Annaba Baha-Eddine Tliba va jusqu'au bout de sa provocation. Réclamé par la justice dans des affaires de corruption, il refuse de renoncer à son immunité parlementaire, demandant ainsi à ses collègues de l'APN de la lui enlever. Entendu hier pour la deuxième fois en une semaine par la commission juridique de l'Assemblée populaire nationale, il a refusé de renoncer volontairement à son immunité parlementaire. Entendu une première fois dimanche dernier, avant le transfert de son dossier au bureau de la Chambre basse du Parlement, Baha-Eddine Tliba avait déjà refusé de renoncer à son immunité parlementaire. Mais le refus n'était pas définitif. Il avait demandé "un délai de 48 heures" avant de se prononcer. Hier, les choses ont changé. Il a demandé aux membres de la commission de suivre la procédure qui consiste en la transmission d'un rapport au bureau de l'APN qui constatera que le député refuse de renoncer à son immunité. Un refus qui provoquera la mise en branle de la procédure prévue à cet effet, une convocation d'une plénière qui votera une motion de retrait de l'immunité du parlementaire. Pour cela, il faut réunir une majorité de présents. Selon l'article 127 de la Constitution, "les poursuites ne peuvent être engagées contre un député ou un membre du Conseil de la nation, pour crime ou délit, que sur renonciation expresse de l'intéressé ou sur autorisation, selon le cas, de l'Assemblée populaire nationale ou du Conseil de la nation, qui décide à la majorité de ses membres la levée de son immunité". Selon des indiscrétions, Baha-Eddine Tliba veut aller jusqu'au bout en testant la solidité de l'institution parlementaire. Il menace de "dévoiler" des frasques d'autres parlementaires s'ils votent contre lui. Surtout que dans les couloirs de l'APN, parmi les députés, on susurre qu'une quarantaine de parlementaires sont concernés par des enquêtes judiciaires. Ils risquent donc de perdre leur immunité à tout moment. Selon des sources parlementaires, Baha-Eddine Tliba, demandé par la justice pour notamment "financement illégal de partis politiques", en lien avec l'utilisation de l'argent en politique, aurait déclaré aux membres de la commission juridique que s'il a effectivement versé de l'argent pour pouvoir figurer sur la liste électorale du FLN lors des législatives de mai 2017, c'est suite à des pressions qu'il aurait reçues de la part du fils de l'ancien secrétaire général du FLN Djamel Ould Abbes, actuellement en prison à El-Harrach. À l'époque, le fils de l'ancien ministre de la Solidarité avait été interpellé par les gendarmes à Club-des-Pins. Mais l'intervention de son père l'avait sauvé des griffes de la justice et l'affaire des pots-de-vin versés par les candidats du FLN pour figurer sur les listes de candidature au poste de député avait été étouffée. Ould Abbes niera plus tard les faits. Son fils, Louafi, recherché par la justice pour des affaires de corruption, est en fuite à l'étranger. Baha-Eddine Tliba est le premier parlementaire à refuser de renoncer volontairement à son immunité. Depuis la chute d'Abdelaziz Bouteflika en avril dernier, plusieurs députés et membres du Conseil de la nation ont renoncé à leur immunité parlementaire aussitôt leur dossier traité par les instances des deux Chambres. Certains sont même en détention. C'est le cas d'Amar Ghoul, de Djamel Ould Abbes et de Saïd Barkat. D'autres sont en attente de leur audition par la justice. C'est le cas de Mohamed Djemaï.