Le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, a-t-il enfin décidé de jouer l'apaisement ? Après plusieurs semaines de discours qualifiés de «violents» et de «menaçants», le premier responsable du haut commandement de l'armée baisse le ton. Mais il maintient inchangé son agenda, en appelant «les citoyens à se mobiliser massivement» pour l'échéance programmée pour le 12 décembre prochain. En effet, quatre jours après la grande mobilisation populaire bravant son interdiction d'entrer dans la capitale Alger pour les manifestants venant des wilayas limitrophes, le vice-ministre de la Défense baisse le ton. Son discours, prononcé hier à partir de la 3e Région militaire, a été expurgé de toutes les phrases et terminologie offensantes à l'égard des centaines de milliers, voire des millions d'Algériens qui battent le pavé, depuis le 22 février dernier, pour réclamer une véritable démocratie. Il tente, cette fois, de montrer «ses bonnes intentions» en niant «toute ambition politique». Selon lui, le peuple algérien, qui «exprime ses revendications légitimes depuis sept mois», n'a trouvé à ses côtés «que l'armée pour l'accompagner». C'est, estime-t-il, «l'institution militaire et son commandement nationaliste, qui ont su le soutenir et le protéger et réussi avec perspicacité et sagesse à préserver la cohésion des institutions de l'Etat et garantir leur bon fonctionnement». Même s'il se montre toujours agacé par les slogans lancés lors des marches populaires, le premier responsable de l'ANP affirme, cependant, que l'armée ne leur «accorde aucune importance». «Toutefois, nous avons constaté ces derniers jours l'acharnement de certaines parties, qui persistent à scander des slogans tendancieux, auxquels l'Armée nationale populaire n'a accordé aucune importance, en restant sur ses positions constantes et assurant qu'aucune ambition politique n'anime son commandement, exceptée celle de servir l'Algérie et son peuple», déclare-t-il. Selon lui, la preuve de sa bonne intention est «l'installation de l'Autorité nationale indépendante des élections, qui a entamé d'ores et déjà la préparation effective de cette échéance (présidentielle)». Ce faisant, le chef d'état-major s'attaque à nouveau à ceux qu'il appelle «la bande et ses relais» qui s'affairent «à entraver le processus électoral». «Les tentatives de la bande et ses relais visant à entraver le processus électoral en répandant des mensonges et en usant de propagande tendancieuse concernant notre souci d'accélérer la cadence des démarches pour se diriger aux urnes, ce qui n'est pas à confondre avec la précipitation, seront vouées à l'échec», soutient-il. Selon lui, «ces tentatives portent en elles des contradictions manifestes que le peuple a démasquées, en prenant conscience de l'impératif d'élire dans les meilleurs délais un président de la République, considéré comme l'unique moyen pour mener le pays à bon port». Poursuivant, il appelle «les citoyens à se mobiliser massivement afin de faire de ce rendez-vous un point de départ au processus de renouvellement des institutions de l'Etat et de cette échéance électorale une réussite, ce qui permettra d'élire un nouveau Président, jouissant de toute la légitimité afin de diriger le pays et concrétiser les aspirations du peuple».