A la faveur du Festival de la littérature et du cinéma de la femme auquel il est invité, Belkacem Hadjadj a protesté contre la censure qui frappe Papicha de Mounia Meddour, un film dont il est le producteur. Dans sa déclaration, il dénonce : «Papicha a été arbitrairement interdit, alors qu'il avait obtenu le visa officiel d'exploitation de la commission de visionnage du ministère de la Culture. Tandis que les affiches ont été tirées, que des communiqués avaient été envoyés à la presse, que des cartons d'invitation ont été tirés et en partie distribués, voilà qu'un coup de fil du ministère de la Culture nous a empêchés de présenter le film.» Approché par El Watan à propos des raisons de cette interdiction, Hadjadj affirme : «Je n'en sais rien ! Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que nous sommes devant une situation absurde. Nous, nous sommes dans la légalité, puisque le projet de film a été retenu par la commission de lecture afin de bénéficier d'une aide à la production. Il a en outre obtenu ses autorisations pour être tourné. Enfin, après sa réalisation, la commission officielle de visionnage du ministère lui a délivré le visa d'exploitation. Depuis deux mois, nous avons préparé la première nationale du film, voilà qu'à trois jours de l'événement, un coup de fil anonyme, venu de gens qui n'assument même pas leurs décisions, annule tout ! Si on était dans un pays de droit, je les attaquerais en justice pour le préjudice subi. Le problème de ces gens-là, c'est qu'ils sont d'un autre siècle. Aussitôt l'interdit prononcé sur le film, il a été mis sur internet par des gens qui croyaient bien faire, mais qui en fait lui ont porté un préjudice commercial. Nous avons beau l'enlever d'internet, il est remis en ligne.» Relancé pour savoir s'il suspecte quelque raison dans l'esprit du censeur anonyme, Hadjadj soutient : «En réalité, par les temps qui courent, quelqu'un au ministère, au lieu d'être fier que le film fasse parler de lui et qu'il sorte sur les écrans partout dans le monde, a été pris de terreur. Dans ce pays, quand quelque chose a du succès ailleurs, cela devient suspect. Alors, on bloque et on attend de voir la suite.» Signalons que ce blocage a pour première conséquence de priver le film de représenter l'Algérie aux Oscars comme cela avait été décidé par la commission officielle présidée par Lakhdar Hamina. En effet, une des conditions pour qu'un film participe à cet événement impose qu'il ait été vu en son pays avant la fin du mois de septembre. Il reste que poursuivant son succès international, Papicha a été acheté par une vingtaine de pays, il vient d'arracher un nouveau sacre, celui du meilleur film du monde arabe au festival d'El Gouna en Egypte.