Les manifestants, en grand nombre, sont montés jusqu'au siège de la wilaya, avant de faire le chemin inverse, pour descendre au rond-point Zabana, avant de repartir au point de départ (la place du 1er Novembre) en passant par le front de mer. Hier, Oran a vécu une manifestation des grands jours lors du 34e vendredi de la mobilisation citoyenne. Dès la place 1er Novembre, on pouvait se rendre compte aisément que la foule était bien plus compacte que d'habitude. A 14h, la marche s'est ébranlée aux cris de «Dawla madania machi askaria !» (Etat civil, pas militaire), «Bye bye Gaïd Salah, had el aam makach el vote !» avant de faire une première halte devant le siège du FLN, au boulevard Emir Abdelkader. «FLN el khawana !» (Le FLN des traîtres), ont alors crié les manifestants. Au début de la rue Larbi Ben M'hidi, une deuxième halte, celle-ci inédite, a été observée quand une bande de jeunes a escaladé la devanture d'une échoppe pour y arracher l'enseigne. La foule s'est d'abord mise à les huer, se figurant que ces jeunes voulaient s'adonner à un saccage à tout-va. Ce n'est qu'en comprenant qu'ils ciblaient le siège de la commission de surveillances des élections que la foule les a applaudis copieusement. Pour la parenthèse, il est à noter que «l'agissement» de ces jeunes a été précis, concis, limite chirurgical : ils se sont juste contentés d'arracher l'enseigne, sans saccager les vitres ni défoncer les portes. Cela renseigne à quel point le pacifisme est à présent intrinsèque chez les Algérien, et les émeutes urbaines ne sont plus que de mauvais souvenirs d'un passé douloureux. Une fois la plaque mise à terre, nombre de manifestants se sont rués pour y marcher dessus. La foule a ensuite continué son petit bonhomme de chemin jusqu'à la place des Victoire, où un grand nombre de manifestants y étaient cantonnés, attendant l'arrivée de la première procession. A vrai dire, depuis quelques semaines déjà, le hirak à Oran recense, non deux, mais trois points de départ : le premier de la place du 1er Novembre, le second de la place des Victoires et le troisième du lycée Lotfi. «Une semaine noire répressive sans discours par un régime à la dérive. Shame on you !», avait écrit sur son écriteau un fidèle du hirak. L'air ironique, une jeune femme tenait une pancarte où était écrit : «Vos élections sont tellement transparentes qu'on peut déjà voir l'élu !». Un autre avait écrit en arabe : «La lil intikhabat tahta ichraf el jiniralate» (Pas d'élections sous la férule des généraux». Enfin, un dernier, enthousiaste quant à la mobilisation qui n'a pas pris une ride, avait écrit : «Rana bien, en-nasr karib» (Nous sommes bien, la victoire est proche). Les manifestants, en grand nombre, sont montés jusqu'au siège de la wilaya, avant de faire le chemin inverse, pour descendre au rond-point Zabana avant de repartir au point de départ (la place du 1er Novembre) en passant par le front de mer.