Bien que le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, multipliait les sourires et les mots délicats, hier à Alger, devant le commissaire à l'Elargissement de la Politique européenne de voisinage, Stefan Füle, il semble que les discussions coincent toujours sur les réticences algériennes à la Politique européenne de voisinage (PEV) et à l'Accord d'association avec l'Union européenne. L'Algérie, a clamé Mourad Medelci, garde les mêmes positions sur l'initiative européenne de voisinage, choisissant ainsi d'opposer un niet catégorique à l'approche européenne. « L'Algérie n'intègre pas la Politique européenne de bon voisinage, souligne Mourad Medelci, mais nous poursuivons le dialogue sur l'ensemble des chapitres qui concernent les deux parties. » Le ministre des Affaires étrangères justifie la décision algérienne par le fait que le pays a « suffisamment de ressources pour travailler dans le même esprit ». Le diplomate européen, présent hier à la résidence El Mithak, s'est montré assez compréhensif : « Il doit s'agir d'un processus en parallèle, suggère-t-il. J'ai proposé un dialogue de concertation sur la Politique de voisinage aujourd'hui et à l'avenir. » Sur la question de l'Accord d'association avec l'Union européenne, le ministre algérien des Affaires étrangères est un peu plus subtil. En prévision de la tenue, le 15 juin, de la cinquième session du Conseil d'association, Alger envisage d'établir un bilan de la coopération algéro- européenne et de discuter de ses « faiblesses ». « Sur les 110 articles que comprend l'Accord d'association, il nous est permis de réclamer des adaptations lorsque cela est nécessaire. Nous avons un même objectif : la promotion et l'équilibre de la relation avec l'Europe. Nous devons atténuer le déséquilibre dans le strict respect de l'accord », a déclaré Mourad Medelci. Tout en usant du langage le plus fin, Stefan Füle ne manque pas d'égratigner les efforts entrepris par l'Etat algérien pour le développement du pays. « L'essentiel n'est pas dans le traité, mais dans les réformes structurelles engagées », tranche-t-il. Pour lui, l'accord n'est pas seulement un engagement de commerce libre mais également une « incitation à faire des progrès ». « Je suis convaincu que la coopération doit se baser sur un rapport gagnant gagnant. Les deux parties doivent en tirer des avantages d'autant que l'accord s'inscrit dans la durée », concède le commissaire tchèque. Lors du prochain Conseil d'association, l'Union européenne souhaite ainsi plancher sur les questions du chômage, de la croissance et de la modernisation de l'Algérie. La Commission européenne a même introduit les aspects des droits de l'homme et de la sécurité dans les discussions. L'Algérie, de son côté, espère parler des « faiblesses » de leur coopération et des meilleures manières de les dépasser. « Il y a des efforts à fournir sur l'ensemble des questions, dit Mourad Medelci. Les questions économiques sont au cœur de nos préoccupations. Il est important de revenir sur l'objectif de départ de l'Accord d'association et travailler de façon équilibrée. Nous avons bien avancé sur certains points : le commerce se porte bien, mais l'investissement n'est pas suffisamment développé. » Pour autant, les deux parties s'accordent à dire que leur relation est empreinte de « franchise », de « confiance » et de « pleine responsabilité ». L'Algérie reste un « partenaire » privilégié de l'Union européenne, lui fournissant près de 20% de gaz. « Si tout était parfait, nous serions en train de découvrir les charmes des rivages algériens, dit Mourad Medelci à son invité européen. Mais le fait est que nous avons aussi des problèmes auxquels nous œuvrons à trouver des solutions intelligentes. » L'UE alloue une enveloppe de 172 millions d'euros à l'Algérie L'Union européenne a accordé une enveloppe de 172 millions d'euros à l'Algérie pour un programme de développement qui devra s'étaler jusqu'en 2013. Le programme est basé sur la protection de l'environnement, l'enseignement supérieur, le développement du Sud et des Hauts- Plateaux, le transport (38 millions d'euros) et la pêche (30 millions d'euros), l'appui à la mise en œuvre de l'Accord d'association (30 millions d'euros), ainsi que la valorisation du patrimoine culturel (20 millions d'euros). « Nous gérerons cet argent comme si c'était des crédits algériens », a promis le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci.