Les autorités locales de Guelma et l'APC en tête ont longtemps réfléchi à propos des marchands informels de fruits et légumes qui squattaient les abords du marché... en tôles de zinc du boulevard du Volontariat. Et Eurêka ! On a trouvé : on leur a réservé l'esplanade où s'installe chaque vendredi Souk El Djemaâ, un autre marché non moins informel, lequel a eu le trottoir courant le long du mur d'enceinte de Cycma (l'unité de cycles et motocycles). Et les bénéficiaires de monter des baraques en bois, pour en finir, croit-on, avec le zinc. Ils étaient au départ une centaine, la direction du commerce, chargée de réglementer la chose recensera 227 pour 210 tables ou stands. Selon M. Mokrani, directeur du commerce, les bénéficiaires sont tenus de se doter d'un registre de commerce, dans un délai d'un mois, pour travailler légalement, attendu que sa délivrance ne nécessite pas beaucoup de paperasse. Et c'est toujours ça de gagné, de commerçants informels, ils deviennent ainsi des contribuables comme d'autres. Seulement voilà, avec cet espace sans eau courante et sans réseau d'assainissement, comment peuvent-ils travailler et comment les consommateurs réagiront-ils face au manque d'hygiène ? Bien sûr, les initiateurs sont chargés du suivi en permanence de ces choses, et on le verra plus tard. Côté sécurité, il y aura du pain sur la planche. Côté riverains, certains semblent apprécier ce marché qui s'est approché d'eux, d'autres non. En tout cas, à remarquer leur silence, cela veut dire qu'ils n'ont rien à dire. A dire vrai, tel qu'il est conçu et là où il se trouve, à la sortie est de la ville, entre les derniers immeubles et les champs verdoyants en face, ce marché dépare affreusement le panorama. Deux autres marchés de fruits et légumes informels sont bien installés depuis bien des années, celui parsemant les espaces et rues entre les immeubles du grand ensemble de Aïn Defla (ex-Fougerolle), où activent une quinzaine de marchands et l'autre au quartier Merabet Messaoud où l'on a recensé une quinzaine de marchands. A propos de ce dernier, il semble que l'APC va le réhabiliter et inciter les marchands à travailler dans un cadre réglementaire, c'est-à-dire à se faire délivrer le registre de commerce. La direction du commerce apportera, nous dit-on, son assistance technique en matière d'organisation. Bizarre, Guelma en est à plusieurs marchés de fruits et légumes informels alors que son beau marché couvert est déserté par les marchands et bien entendu, avant cela, par les consommateurs. Datant de l'époque coloniale, il est dans un état de dégradation avancé, pas d'eau courante, pas de toilettes, pas d'hygiène... Les étals sont déformés par le « barreaudage ». Même les horaires d'ouverture sont établis pour repousser les acheteurs, puisque le marché ferme en fin d'après-midi, moment opportun pour la plupart des travailleurs de faire leurs emplettes. Comment se fait-il que dans les sombres années du colonialisme, on a pu construire un marché d'un style architectural particulier et approprié, pourvu de toutes commodités, alors que plusieurs années après l'indépendance, l'argent du pétrole aidant, on n'a pu construire en guise de marché digne de ce nom qu'un bidonville avec des tôles de zinc au boulevard du Volontariat, et que maintenant, c'est-à-dire plusieurs années après, on érige un autre au moyen du bois et du roseau, et sans aucune commodité ? L'on nous dit que l'APC n'a pas de moyens. Reste à le prouver. Nous sommes en pleine régression... mais peut-être une régression, comme dirait l'autre, féconde, qui sait ?