Image inconcevable de cette station urbaine dont les quais sont envahis par la gadoue et les immondices. Cela se passe à Douéra, une commune à vocation agropastorale de quelque 70 000 âmes. En dépit de la présence des agents de l'EGCTU, censés veiller sur la bonne organisation de la station, les dernières pluies ont révélé les imperfections d'une réalisation livrée à l'anarchie. Une indescriptible cacophonie règne dans ce lieu. Des chauffeurs de minibus se comportent, dans la majeure partie du temps et en l'absence d'un contrôle rigoureux, comme de véritables fous du volant : queue de poisson, non-respect de la vitesse autorisée, chasse aux clients et arrêt dans n'importe quel endroit de la route. En plus de la cacophonie dans le secteur des transports urbains, le commerce informel règne en maître absolu dans cette commune. Laisser-aller et anarchie sont les maîtres mots de cette ville. Qu'on en juge ! Au sortir de la station urbaine jusqu'au siège de l'APC, les marchands informels ont investi l'ensemble des espaces publics. Pas moyen de circuler sur les trottoirs défoncés de Douéra sans être incommodé par ces commerçants illégaux. Des jeunes « bezansiya » proposent toutes sortes d'articles bon marché, allant du téléphone portable au jeans en passant par les chaussettes. Des sous-vêtements, des gants, des bonnets et autres cache-nez, très prisés pendant cette saison hivernale, sont écoulés aux côtés des parapluies, des pull-overs et autres t-shirts. Les prix dans ces lieux sont beaucoup moins chers que ceux pratiqués dans les magasins. Le terrain vague destiné, à l'origine, à recevoir un espace vert et une aire de détente pour les habitants d'une coopérative immobilière n' y a pas échappé. Il s'est transformé en un vaste marché anarchique, investi quotidiennement par les marchands informels et les camionneurs. Des cageots de fruits et légumes, des ustensiles de cuisine, des tissus, des articles d'habillement ainsi que de la volaille sont proposés aux clients. Les poulets sont égorgés et déplumés sur place. En l'absence de structures chargées de veiller sur l'hygiène des lieux et au respect des lois, le risque de maladies n'est pas à exclure. Evolution dangereuse du taux de chômage parmi les jeunes et la paupérisation inquiétante d'une bonne partie des administrés, le siège de l'APC de Douéra demeure, dans la plupart du temps, fermé au large public. Il s'est transformé, de l'avis d'un nombre important de citoyens, en un véritable bunker. Les habitants n'ont pas trouvé d'oreilles attentives à leurs doléances, dès lors que leurs revendications sont restées lettre morte. Faisant face à cette bâtisse, la cafétéria, implantée à l'angle d'un large espace aride et laid est fréquentée par des jeunes et des retraités du troisième âge. Bancs et éclairage public défectueux, végétation desséchée, les riverains sirotent café, thé et limonade au milieu des nuages de poussière. Le semblant d'espace de détente mitoyen au siège communal n'est pas en reste dès lors que les mioches ont, comme accessoires de jeux, des mares d'eau, du gravier et des fils électriques laissés à l'air libre. Paradoxe surprenant. Le réel jardin public du centre-ville, bien entretenu et riche en végétation, avouons-le, est fermé au public. Ses deux portails sont constamment cadenassés au grandu désespoir des vieux qui longent les bordures de sa clôture métallique. Le cimetière des chouhada et l'esplanade des commémorations, dans un piteux état connaissent une décomposition avancée. Par ailleurs, la salle de cinéma et de fête El Wiam s'est métamorphosée en salle de distractions. Une dizaine de jeux électroniques et de baby-foot ont été installés au grand bonheur des enfants. Une fréquentation assez importante est enregistrée en l'absence de moyens de distraction. Le terrain vague réservé à la DGSN, situé à proximité de l'établissement hospitalier spécialisé (EHS) Douéra, s'est transformé en un gigantesque dépotoir. Des baraques en tôle et en zinc ont été érigées sur les lieux. La dilapidation des terres agricoles se poursuit Les terres à vocation agricole n'ont pas échappé à la tentation de la maffia du foncier, puisqu'elles se rétrécissent comme une peau de chagrin. A l'implantation anarchique des cités bidonville, qui se sont multipliées à une vitesse vertigineuse avec, dans la plupart des cas, la bénédiction des exploitants agricoles, s'est greffé le béton. C'est ainsi que des centaines de constructions laides et affreuses ont été édifiées au mépris des lois de la République et avec la bénédiction des délégations exécutives communales. Leur implication dans ces détournements n'est plus à démontrer, en témoigne le nombre important de ceux poursuivis en justice pour dilapidation de deniers publics. Des exploitations agricoles situées des deux côtés de la route, qui relie Douéra à Kheraicia, ont fait l'objet d'un véritable squat. Elles ont été attribuées, nous informent des citoyens, sous forme de lotissements avec des décisions falsifiées et antidatées. Cela est valable également pour les terres agricoles situées au lieudit Draâ Errih qui ont eu le même triste sort. Des hangars appartenant à l'APC, ajoutent nos interlocuteurs, ont été fermés puis attribués à des gens aisés. La population locale qui s'attendait à une énergique réaction des pouvoirs publics afin de mettre un terme à cette anarchie, a été désappointée. Une enquête approfondie des services de sécurité est élémentaire