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Des Springboks aux Bafana Bafana, vigueur sud-africaine : Comme Mandela, un pays debout…
Publié dans El Watan le 09 - 06 - 2010

Bien que les inégalités existent toujours et la réconciliation nationale reste inachevée, le sport semble unir les Sud-Africains.
En 1991, le régime d'apartheid prend fin. Après plus de quarante ans de damnation, les Noirs sud-africains retrouvent leur voix éteinte par tant de répression, d'injustices et d'inégalités imposées par un régime qui fait de la ségrégation raciale la clé de voûte de la vie politique, sociale et économique du pays. Les principales lois qui fondaient la domination blanche sont abolies. Les populations noires, qui ont payé de leur sang quatre décennies de lutte, peuvent ainsi faire valoir tous les droits. Icône de la résistance contre l'oppression, Nelson Mandela retrouve sa liberté après 27 ans de prison et devient le premier Noir à accéder à la présidence de l'Afrique du Sud. Son premier objectif : réconcilier les Sud-Africains entre eux et tourner la page pour se consacrer définitivement à l'avenir. Mais comment ressouder une nation déchirée et divisée par un long règne ségrégationniste ? Nation arc-en-ciel composée de 79% de Noirs, 9,5% de Blancs, 8,9% de métis et 2,6% d'Asiatiques. Pour Mandela, il fallait donner l'exemple. « Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes... C'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres », disait-il.
Dans son discours d'investiture en 1994, Mandela s'engage à mener la réconciliation nationale pour que naisse « une société dont toute l'humanité sera fière ». Pour ce faire, tous les moyens sont bons. En Afrique du Sud, le rugby est un sport des Blancs. Mandela le sait. Il profite ainsi de l'organisation en 1995 par son pays de la Coupe du monde de Rugby pour rapprocher les races. Mandela réussit son coup grâce à la victoire des Springboks, surnom de l'équipe sud-africaine de rugby. Il refait le coup en 1996 lors de la Coupe d'Afrique des nations de football. Les Bafana-bafana, soutenus par les Noirs, remportent la coupe et suscitent la joie dans tout le pays. Ces deux victoires célébrées par tous les Sud-Africains jettent ainsi les premiers jalons de la réconciliation.
Mais le sport, s'il a rapproché un tant soit peu les Blancs des Noirs, n'élimine pas les inégalités persistantes. Au bout de son mandat présidentiel en 1999, Mandela laisse tout de même un pays stable. Mais la réconciliation reste inachevée. Le rugby demeure le sport des Blancs et le football celui des Noirs. Même si les Sud-Africains, toutes couleurs confondues, sont unis derrière leurs équipes nationales, quelle que soit la nature ethnique de leur composante. Aujourd'hui, le pays de Mandela, prix Nobel de la paix en 1993, accueille un événement planétaire, le Mondial, jamais organisé dans le continent africain. L'organisation de cet événement très suivi attire les regards sur la situation de ce pays, seul du continent à être industrialisé. Et voilà que les clichés négatifs refont surface.
Les inégalités se creusent
Sa désignation a, certes, été saluée par tout un continent. La responsabilité d'orchestrer l'événement le plus populaire de la planète doit changer le regard porté sur le pays organisateur. Mais dans le cas de l'Afrique du Sud, c'est le contraire qui se produit. Les médias du monde entier véhiculent, ces dernières années, l'image d'un pays qui n'arrive toujours pas à mettre un terme aux inégalités qui affectent encore une bonne partie de la population, essentiellement des Noirs. Selon les indicateurs de développement de la Banque mondiale, l'Afrique du Sud se classe au douzième rang des pays les plus inégalitaires sur 126 pays. Cette inégalité freine le développement et favorise la criminalité comme au Brésil ou en Colombie.
Un siècle de discrimination politique, sociale et économique a laissé des empreintes qui semblent irréversibles : une inégalité de revenus disproportionnée en fonction des origines raciales, ou encore un accès fort inégal aux services publics essentiels, tels que l'eau potable, l'éducation et les soins. Les séquelles de l'apartheid sont indélébiles. Cela s'ajoute au libéralisme économique qui n'épargne personne. Si la communauté noire dans sa grande majorité reste pauvre, la communauté blanche compte aussi des pauvres. Les foyers les plus riches, soit 10%, bénéficient de 45% des revenus, alors que 60% des foyers se partagent seulement 20% des revenus. Grâce à un réseau d'aide social très dense, la situation des plus pauvres tend à s'améliorer.
Mais tous n'y ont pas accès. Et souvent, ces aides demeurent insuffisantes pour ceux qui en bénéficient. La pauvreté a augmenté de 200% chez la population blanche. 10% des Blancs vivent avec seulement 1000 dollars par an, ce qui est loin de leur suffire pour manger à leur faim. L'idée d'allouer une somme de l'ordre de 80 euros sans condition à tous les Sud-Africains est reconnue comme l'une des solutions qui permettrait de faire reculer vraiment la pauvreté. Mais une allocation-chômage ne peut pas résorber le chômage et la croissance ne peut être tirée vers le haut que par l'emploi. Ainsi, pour de nombreux analystes, la solution se trouve dans la création massive d'emplois. Ce qui semble tout de même difficile dans un contexte de récession mondiale qui n'a pas épargné l'économie sud-africaine. Créer beaucoup d'emplois nécessiterait d'importants investissements et une forte implication de l'Etat, notamment dans l'éducation, la formation et la santé. L'industrie étant en difficulté, le commerce prend le dessus, devenant le premier créateur d'emplois.
Sida et insécurité
Les disparités exacerbent la pandémie du VIH dans ce pays qui compte 4,7 millions de personnes sidéennes. Un sidéen dans le monde sur six est Sud-Africain. Les femmes sont les premières victimes de cette fâcheuse et incurable maladie. Elles représentent plus de 60% des personnes infectées. Conjuguée à d'autres facteurs tels que la malnutrition et la déshydratation, cette maladie tue quotidiennement entre 600 et 1000 Sud-Africains.
La misère et le sida qui s'ajoutent à un taux de chômage de 24% forment un cocktail explosif. La répression politique est remplacée par la délinquance qui constitue d'ailleurs l'une des sources d'inquiétude pour le Mondial. Pour les années 2007 et 2008, les statistiques ont recensé quelque 240 000 cambriolages chez les particuliers, pas moins de 60 000 vols dans les magasins, les usines et les bureaux, près de 140 000 cas de dégradation lourde de matériel, ainsi que 18 487 assassinats et 18 795 tentatives de meurtre. Les violences se concentrent au Cap, à Durban, mais aussi à Johannesburg et à Pretoria. Ainsi, presque tous les habitants d'Afrique du Sud ont une fois dans leur vie fait l'expérience directe de la criminalité.
L'Etat sud-africain dispose pourtant de 200 000 policiers et de 60 000 militaires pour rétablir l'ordre et la sécurité, mais les agents de police sont généralement mal formés et mal payés. La police fait elle-même surveiller certains commissariats par des sociétés privées. Ces dernières, qui emploient 420 000 agents de sécurité privés, sont à ce jour chargées de la protection d'un million et demi d'entreprises et de foyers sud-africains. Cependant, nombreux sont les spécialistes qui affichent de l'optimisme quant à la réussite de cette première Coupe du monde en Afrique. En dépit de tous ces fléaux, l'Afrique du Sud a su relever le défi. Elle a déjà eu à organiser de grands événements internationaux dont la Coupe du monde du cricket en 2003 sans heurts ni incidents graves.
Sur le plan économique, l'Afrique du Sud, qui rencontre des difficultés structurelles, table sur ce Mondial qui va attirer 350 000 touristes pour donner un coup de fouet à sa machine productive. Le pays de Mandela reste tout de même la première économie du continent africain avec une croissance moyenne annuelle de près de 5%. Il représente un quart du PIB de toute l'Afrique. Il est l'un des premiers producteurs mondiaux d'or et de platine. Comme il dispose d'entreprises nationales prospères et très compétitives sur les marchés internationaux. La Bourse de Johannesburg figure parmi les dix premières au monde. Pays de 45 millions d'habitants, l'Afrique du Sud peut, encore une fois, marquer l'histoire du monde ne serait-ce l'espace d'une Coupe du monde.
Le peuple bafokeng
|La nation Bafokeng est la communauté la plus importante en Afrique du Sud. Elle est aussi riche. C'est une tribu de 300 000 habitants qui aime à se présenter comme une nation. Et quelle nation ? Celle qui œuvre au quotidien à bâtir une Afrique du Sud forte. Le peuple des Bafokeng est né et vit dans la région du Rustenburg située dans la province du nord-ouest d'Afrique du Sud. Une région qui contient 75% des réserves mondiales de platinium. Les Bafokeng se distinguent par leurs grands investissements dans la construction d'infrastructures sportives. C'est la seule communauté qui dispose d'un grand stade de football répondant aux normes internationales et d'un luxueux centre d'entraînement qu'occupe actuellement l'équipe d'Angleterre. La nation Bafokeng contribue grandement au développement de la région par la construction de diverses infrastructures de base.|


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