37 dimanches et pas une ride. Le soutien des Algériens du Canada au hirak en Algérie ne fléchit pas et reprend son élan à chaque grande date qui émaille le mouvement populaire depuis neuf mois. A l'occasion de la célébration du 65e anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération nationale, une veillée à la mémoire des martyrs de la Révolution algérienne et des détenus d'opinion a été organisée jeudi soir en face du consulat d'Algérie, à Montréal. Et c'est sous une pluie battante que plusieurs dizaine d'Algériens, parapluie, drapeau algérien ou emblème amazigh à la main, se sont rassemblés pour écouter la lecture de la Déclaration du 1er Novembre lue par des jeunes issus de la diaspora algérienne du Canada. Le petit parc en face du consulat contenait à peine les présents et l'installation artistique improvisée à l'occasion, où étaient exposés des portraits de martyrs de la Révolution et de détenus d'opinion, dont ceux de Lakhdar Bouregaâ ou de Karim Tabbou. Avant-hier, samedi, au lendemain des marches en Algérie, c'était au tour des Montréalais d'origine algérienne d'organiser une grande marche de soutien au hirak. Près de 2000 personnes ont parcouru les 2 kilomètres qui séparent la place du Canada, au centre-ville de Montréal, du siège du consulat. Les organisateurs ont voulu une marche silencieuse, mais ceci ne n'a pas empêché les marcheurs de scander des slogans et les femmes de lancer des youyous. La procession était parfois parcourue par un contagieux «Ya Ali ba3ouha !» (Ali, ils l'ont vendue – l'Algérie). Le carré de tête a été confié à un groupe d'enfants qui tenaient un grand drapeau algérien. Arrivés au niveau du consulat d'Algérie, les marcheurs se sont regroupés, comme au début du hirak à Montréal, en plein hiver canadien. L'installation artistique des portraits des détenus du hirak a été redéployée à l'occasion. A ce propos, un groupe d'Algériens du Canada a décidé de venir chaque jeudi soir tenir une veillée en hommage aux détenus du hirak. L'artiste, photographe et designer Azzedine Mekbel a réalisé une autre installation sur le thème du hirak, où il a enroulé les troncs de quelques arbres d'affiches inspirées de l'actualité et des slogans humoristiques qui ont caractérisé cette révolution du Sourire déclenchée le 22 février dernier. Sur fond de chansons de la jeune Raja Meziane, de Matoub Lounès, entre autres, les manifestants entonnaient les classiques des manifestations en Algérie, comme «Les généraux à la poubelle, wel Djazair teddi listiklal !» (et l'Algérie aura son indépendance). D'autres allumaient des fumigènes aux couleurs du drapeau algérien. L'approche de la date du 12 décembre, date annoncée par les autorités algériennes pour la tenue d'une élection présidentielle, a poussé les organisateurs, après un vote serré, à changer la date et le lieu du rassemblement hebdomadaire. Les Algériens de Montréal se rassembleront désormais chaque samedi en face du consulat, car il sera ouvert à ce moment-là. Les manifestants ont promis de revenir «chaque samedi pour perturber l'élection jusqu'à ce qu'elle soit annulée». Et C'est sur un «Makache el vote fi Montréal !» (Pas de vote à Montréal) qu'a pris fin le rassemblement.