Des centaines de personnes de la diaspora algérienne au Québec ont battu le pavé, dimanche à Montréal, à l'occasion du 33e acte de mobilisation de la révolution populaire. La manifestation, qui coïncidait avec le 31e anniversaire du 5 Octobre, était organisée en parallèle avec des actions similaires dans une vingtaine de villes en Europe et en Amérique du Nord. Le décor de la manif était planté vers 11h, alors que des grappes de personnes arrivaient à la place du Canada, point de départ de la marche pacifique. Les slogans habituels du hirak se font entendre, témoignant d'une plus grande mobilisation des Algériens du Canada. Les organisateurs, avant de donner le coup d'envoi de la marche, réglaient des petits détails organisationnels. Les manifestants ont observé une minute de silence à la mémoire des martyrs d'Octobre 1988 et de toutes les victimes du système politique algérien. Midi passé, la procession humaine s'ébranle, précédée par un camion à écran sur lequel défilaient les portraits des détenus politiques et d'opinion : Lakhdar Bouregâa, Karim Tabbou, Samir Belarbi, Fodil Boumala, Samira Messouci, ainsi que les nombreux porteurs du drapeau amazigh. La marche silencieuse a emprunté les rues Peel et Sherbrooke au centre-ville de Montréal. Une large banderole dans le premier carré se veut un cri de colère. "Libérez les détenus politiques en Algérie", pouvait-on lire en effet. Les nombreuses pancartes remplaçaient les slogans des manifestants qui voulaient leur action silencieuse. Ce qui donnait un caractère solennel à la manifestation mais qui renseignait aussi sur la gravité de la situation politique en Algérie avec le virage répressif décidé par le pouvoir toujours sourd aux cris du peuple manifestant. Un peuple déterminé à faire aboutir sa revendication de changement radical du système. "Non à la dictature", "L'armée dans les casernes", "Primauté du civil sur le militaire", proclame-t-on. L'élection surréaliste programmée pour le 12 décembre est dénoncée et rejetée par les marcheurs, qui ont tiré à boulets rouges sur les candidats à la candidature d'un scrutin improbable qui attire des fournées entières de bouffons. "Non à l'élection présidentielle", "Non au recyclage des mercenaires politiques", tranchent certaines pancartes brandies par les manifestants qui, une fois arrivés devant le consulat général d'Algérie à Montréal, ont commencé à crier leur colère, reprenant en chœur le chant engagé d'Oulahlou Pouvoir assassin. Pour les manifestants qui se disent plus que jamais déterminés, le combat continue, comme le résume la pancarte d'un manifestant : "Le 5 octobre 1988 j'ai manifesté ; 31 ans plus tard, je manifeste pour les mêmes raisons." Y. A.