La vuvuzela. Cette trompette en plastique devenue en quelques jours la mascotte musicale du Mondial sud-africain, déchaîne les passions. Dans les gradins, c'est l'instrument en vogue pour donner de la voix. Sur le terrain, c'est une horreur pour les joueurs qui ont du mal à communiquer entre eux. Il paraît que ça crève les tympans à 130 décibels ! Nous nous proposons, dès aujourd'hui, de joindre notre voix aux galeries sud-africaines pour souffler dans ce vuvuzela. N'ayez pas peur, ce sera moins nocif. Mais ce ne sera aussi moins agréable à lire pour qui, le ballon n'est pas tout à fait rond… A tout seigneur tout (dés) honneur, commençons par souffler à pleins décibels aux oreilles de nos mauvais compatriotes du Val-de-Marne qui viennent de commettre un vilain forfait. Dans la nuit de dimanche à lundi, ils ont remplacé le drapeau français qui flottait sur la façade de la mairie de Villeneuve-Saint-Georges, en banlieue parisienne, par l'emblème national. C'est déjà un acte terriblement provocateur et on comprend naturellement que ça fasse péter les plombs aux Sarko-Lepenistes. Mais les pyromanes ont fait pire, en brûlant tout bêtement le drapeau tricolore. Bien que la police française n'a pas encore mis la main sur le ou les auteurs (s) de cet acte abject, il est aisé de le deviner. Cette « colonisation » symbolique d'une mairie eut lieu juste après la défaite sans gloire des Verts contre les modestes Slovènes. Difficile d'imaginer que cette scandaleuse atteinte aux symboles d'une nation soit l'œuvre de jeunes d'origine tibétaine, malgache ou palestinienne… Surtout qu'on en a vu d'autres en France ; à Marseille surtout, quand des jeunes Algériens qui enrageaient contre le caillassage de l'autobus des Verts par les Egyptiens s'en étaient pris aux yachts stationnés au Vieux Port. Mais cette fois, ces voyous du Val-de-Marne ont poussé le ridicule vraiment loin. De fait, ce « sacrilège » va immanquablement remettre au goût du jour le lexique aussi xénophobe que raciste par lequel les jeunes des banlieues sont assez souvent désignés. Pour tous les Français qui ont la mère patrie à fleur de peau, l'auteur ou les auteurs du forfait de Villeneuve-Saint-Georges sont de la « racaille », et des « bougnoules ». Et ils n'ont pas tout à fait tort sur ce coup-là ! Imaginons un instant que notre cher drapeau vert, blanc, rouge subisse le même sort ? Imaginons que, par un matin calme, on découvre l'emblème bleu, blanc, rouge trôner sur la façade de la mairie d'Alger-Centre, et notre croissant frappé de l'étoile brûlée, place Emir Abdelkader ? Non, j'ai du mal à imaginer… Il y a quelques années, des lycéens de Okba à Bab El Oued qui avaient osé presque le même sacrilège – ils avaient remplacé le drapeau algérien accroché au front du lycée par celui français – ont écopé d'une année ferme. Et ce n'est pas chèrement payé ! Mais l'acte lâche commis ce dimanche en banlieue parisienne risque de prendre une dimension politique. S'il exprime – on le devine – une rage mal contenue, il n'en est pas moins aussi exécrable qu'inexcusable. En tout cas, le duo Sarko-Le Pen est bien servi pour embrayer sur l'affaire. Pour les médias français si friands de ces sujets qu'ils croquent à pleines dents, après « Zahia », un prénom à consonance bien de chez nous va hanter les colonnes et les ondes… de choc. Et ce n'est pas la faute à Ghezzal. Trêve de vuvuzela !