Nous voici à plus de 10 000 km de l'Algérie, à la pointe sud-ouest de l'Afrique du Sud. Entre mer et montagne, Cape Town offre aux visiteurs des chefs-d'œuvre d'architecture, un front de mer envoûtant et des quartiers colorés. Cape Town. De notre envoyé spécial. Jeudi 17 juin, minuit 05. 4 degrés. Arrivée sous escorte policière à Stellenbosch. Une ville universitaire édénique à l'architecture surréelle. « Welcome ! Hello ! » On ne pouvait espérer meilleur accueil après 48 heures de route dans un bus sans chauffage, alors que la température était retombée… à -5°C ! Au compteur : 1700 km parcourus depuis Pretoria. Un itinéraire qu'on ne peut regretter, tant les routes sont impeccables et les paysages saisissants. Les 1800 supporters algériens, toujours aussi dynamiques malgré la fatigue, sont dispersés dans des résidences universitaires, des sites de haut standing dont des hôtels 4 étoiles où règnent beauté, propreté et quiétude. Le dîner nous attendait, en dépit de l'heure tardive. Cape Town est à une cinquantaine de kilomètres de notre lieu d'hébe gement. Les autorités de la province ont décidé cet éloignement pour éviter les déplacements sur le même territoire que les supporters anglais. Qu'à cela ne tienne. Jeudi, dès 8h, des minibus appelés par les socios des Verts sont déjà stationnés aux abords de nos cités. Et c'est justement en direction de Cape Town, la cité-mère d'Afrique du Sud, que nos convois s'ébranlent dare-dare. « One, twoo, three, viva l'Algérie ! » Les habitants, hospitaliers et compréhensifs, sourient et saluent. Hypnotisés Trente minutes plus tard, on est subitement ensorcelés, hypnotisés. La ville nous tend ses bras sans a priori. Le ciel est bleu azur, avec une fraîcheur qui nous rappelle nos hivers glaciaux. Tant pis pour ceux qui avaient prédit la neige. Celle-là, selon la météo, ne recouvrira la montagne de La Table qu'à la tombée de la nuit. Fondée en 1652 et considérée comme la cité-mère d'Afrique du Sud, avec ses 4 millions d'habitants, dont 50% sont des métis (les Noirs étant majoritaires avec près de 35%), Cape Town est blottie au pied de la célèbre montagne de La Table qui surplombe la ville en regardant la mer. Mais par quel bout prendre cette immense cité, dont chaque pan rappelle une histoire spécifique ? Nous fonçons carrément vers Long Street, puis Constantia, des chefs-d'œuvres d'architecture coloniale. On nous conseille Le Victoria Alfred Waterfront, un front de mer bondé de monde, situé entre Robben Island et la fameuse montagne de La Table. On s'oublie et on oublie les distances parcourues au milieu de milliers de gens aussi fascinés que nous. Quelques supporters bruyants nous croisent et nous font signe d'un 3-0. La couleur verte et blanche des Algériens, évoluant en groupes, s'impose. « Algeria ! Algeria, yeah ! », clament des passants enthousiastes. Nous continuons jusqu'à l'aquarium des deux Océans où toutes les espèces sont visibles. On a l'impression que c'est un film de fiction. Nous bifurquons, plus loin vers une allée bordée de chênes centenaires, c'est Government Avenue. Nous passons par le South African Public Library, l'une des plus grandes bibliothèques de l'hémisphère sud. Le soleil commence à décliner et l'on ne pouvait ne pas fouler le quartier malais. Une agglomération où se concentrent toujours des Sud-Africains descendants d'esclaves. C'est un quartier qui porte aussi les empreintes du dernier sultan de Malacca, déporté en 1667 d'Indonésie, le Sheikh Abdurahmane Matebe Shah. Aujourd'hui, c'est Algérie-Angleterre pour un dernier sursaut d'orgueil. Un match qui vaut bien que l'on achète un vuvuzela…