« Mother city » (la ville-mère), comme aiment à l'appeler ses habitants, vante aussi « l'héritage de toute l'humanité » qu'elle renferme en son sein et qu'elle offre aux visiteurs. Le cap de Bonne-Espérance en fait partie. Cet endroit marquait, avant la fin du XVe siècle, une sorte de « limite infranchissable pour les navigateurs qui voulaient atteindre l'asie en contournant l'Afrique ». Il faut emprunter la route du sud-ouest et traverser la plaine du Cap pour s'y rendre à partir du centre-ville. Le bus glisse sur la route admirablement bien faite, avale les 50 kilomètres séparant la ville de ce point en moins d'une heure. L'Afrique du sud dispose d'un réseau routier moderne et très bien fait. De la chaussée aux feux de signalisation, tout est perceptiblement irréprochable et sur les routes il est visible qu'il règne une discipline qu'on ne rencontre pas partout. Sur la route du Cap se trouvent l'université de la ville à droite et à quelques centaines de mètres plus loin, l'hôpital Groote Schur où le professeur Christian Barnard avait effectué, le 3 décembre 1967, à l'âge de 45 ans, la première greffe du cœur au monde. « Son patient, Louis Washkansky, à qui il a transplanté le cœur d'une jeune femme, a survécu 18 jours seulement. Mais le professeur ne s'est pas pour autant découragé : il effectuera une deuxième intervention sur un autre malade qui survivra 18 mois. C'était un succès phénoménal », rappelle un guide touristique. Au bout d'un quart d'heure de route, on arrive au quartier des archevêques, d'où est issu Desmond Tutu, un autre prix Nobel de la paix (1984). Les quelques passages nuageux, de ce début de juillet, n'assombrissent pas les magnifiques paysages faits de vastes espaces verts le long de la route vers le cap de Bonne-Espérance. Comme les problèmes auxquels est confrontée l'Afrique du sud ne noircissent pas son image. Nous découvrons, en fait, un pays où une minorité blanche a travaillé pour le pays, lui donnant une assise économique quasi-inébranlable. Car c'est également ici que se trouve l'usine Denel, le constructeur d'équipements de défense aérienne qui a doté l'Algérie d'hélicoptères d'une très haute technologie pour lutter contre le terrorisme, à un moment où les pays occidentaux refusaient de vendre jusqu'aux munitions pour le pays. De spacieux jardins publics tout verts succèdent aux magnifiques bâtisses d'architecture hollandaise ou britannique et, à quelques endroits, des pins inclinés vers le nord avec les branches et le feuillage en forme de tresses « à cause des très forts vents du sud », nous explique Mario. Le quartier Constancia, dans la Constancia Valley, située à une quinzaine de kilomètres du centre-ville du Cap « est un espace de retraite pour les amateurs de calme et de vin ». Puis c'est Tokaï, un quartier où se trouve la prison Pollsmoor où Mandela a aussi séjourné durant près de 8 ans, selon notre guide. D'autres activistes noirs ont aussi séjourné dans cette prison dite de sécurité maximale. « Et c'est là que sont détenus actuellement certains des plus dangereux criminels », nous dit-on encore. Plus loin, on trouve le terrain de golf, dit Westlake, non loin du consulat américain. A Simon's Town, le voyageur a l'occasion de voir « la plus grande base navale du pays et de tout l'hémisphère Sud de la planète », selon Mario, notre guide. Elle a été construite en 1814 par les Britanniques pour protéger leurs colonies asiatiques. En 1957, elle a été placée sous l'autorité de l'Afrique du Sud. Simon's Town, fondée par le gouverneur hollandais au 17e siècle, est à 8 kilomètres environ de la pointe du Cap. Le soleil dissipe maintenant totalement les nuages et arrose généreusement la vallée ainsi que toute la baie du Cape Town. A la réserve naturelle du cap de Bonne-Espérance sont plantées les deux croix de Bartolomeo Diaz et de Vasco de Gamma, deux navigateurs portugais, les premiers Européens à arriver jusqu'ici, et à aller au-delà pour le second. Il règne un calme indescriptible sur ces terres parsemées de protée (fleur nationale de l'Afrique du Sud). La réserve est d'une superficie de 7 750 ha. « On y trouve quelque 8 000 espèces de plantes et une faune diversifiée », dit notre accompagnateur. Au cap de Bonne-Espérance est plantée, tout au bord de la mer, une pancarte indiquant la position exacte de l'endroit. Les vagues de l'océan viennent se fracasser contre la falaise de la pointe rocheuse de cet endroit produisant une épaisse couche d'écume. Notre présence au cap de Bonne-Espérance, qui était appelé le « cap des Tempêtes » avant l'expédition de Vasco de Gamma, est agrémenté par l'arrivée de l'expédition « Cape to Cape » organisée par Renault Trucks. La scène s'anime à l'arrivée des pilotes des Kerax et des Sherpa lancés dans cette aventure à partir du cap Nord en Norvège et la joie et l'émotion se mêlent pour donner à la rencontre un ton jovial. Les cris de joie résonnent avec les ressacs de la mer à cet endroit prisé par les surfeurs et où « les vagues atteignent 6 m de hauteur ». Hommes, femmes, responsables du groupe, jeunes et moins jeunes se retrouvent dans une atmosphère de joie là où les eaux des deux océans se joignent dans un tumulte fracassant et où les courants marins se rencontrent, produisant des tempêtes que l'homme a eu beaucoup de mal à surmonter. Mais l'espoir est toujours permis et la volonté finit par l'emporter. Non loin de cet endroit de rêve, Stephano Shmielewski, PDG du groupe, dira que « cette expédition est organisée pour donner à beaucoup de gens l'occasion de rêver ». Oui, il est possible de rêver et de revivre les rêves de l'humanité dans ce « pays plus que prometteur ». Sur la route du retour au Cap Town on visite l'incontournable Lighthouse, ou le phare du Cap, conçu par Alexander Gordon et réalisé en 1857. Il est à 9 294 km de Paris et à 12 541 km de New York.