«L'UE doit faire entendre sa voix», affirmait Le Monde hier, dans son éditorial en ligne en rappelant que «depuis plus de neuf mois, l'Algérie vit dans un silence extérieur assourdissant un mouvement de contestation populaire, le hirak, dont l'ampleur et la nature font pourtant un phénomène sans précédent au Maghreb et dans le Monde arabe». L'éditorialiste du quotidien français explique ce «phénomène» par son ampleur d'abord : «Cette mobilisation constante et géographiquement étendue est renforcée par d'autres rassemblements en dehors du jour symbolique du vendredi.» Par sa nature ensuite : «Bien que non structuré et sans leaders, le hirak est un mouvement fondamentalement pacifique et discipliné. L'ensemble des composantes de la société algérienne y sont représentées et, même si elles y sont nettement moins nombreuses que les hommes, les femmes n'y sont pas inquiétées. Cette société traumatisée par la sanglante guerre civile des années 1990 y a même trouvé une nouvelle vigueur et une cohésion qu'elle avait perdue.» Selon l'éditorialiste, «la question qui se pose aujourd'hui en Algérie n'est pas de savoir qui sera élu le 12 décembre au soir, car ce Président ne détiendra pas la réalité du pouvoir, mais ce qu'il se passera le 13, qui sera un vendredi, lorsque les manifestants redescendront dans la rue ?» «Personne ne peut à ce stade entrevoir la réponse, tant la situation paraît bloquée entre un pouvoir confisqué par la hiérarchie militaire et une contestation populaire qui s'enhardit malgré les arrestations.» «Une autre question devient inévitable» au regard du quotidien français, c'est ce «qu'en pensent les gouvernements démocratiques, et en particulier ceux des pays européens ? Pour des raisons que l'on peut entendre, la France, ancienne puissance coloniale, a choisi de rester discrète. Jeudi 28 novembre, les députés européens ont adopté une résolution sans valeur contraignante qui ‘‘condamne vivement'' les ‘‘arrestations arbitraires''». «Au-delà des eurodéputés, c'est l'Union européenne qui doit ouvrir les yeux et parler de l'Algérie.»