L'Algérie a vivement réagi, avant-hier, après l'adoption par le Parlement européen d'une résolution «sur la situation des libertés» en Algérie, dénonçant une «immixtion flagrante dans ses affaires internes» et un «mépris» des institutions algériennes. «Le Parlement européen, sur instigation d'un groupe hétéroclite de députés partisans, a pris l'outrecuidante liberté de statuer sur le processus politique en cours dans notre pays, au moment précis où les Algériens s'apprêtent à élire, en toute démocratie et transparence, un nouveau président», s'est offusqué le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué, alors que le Parlement européen avait dénoncé les «arrestations arbitraires» en Algérie et appelé le gouvernement à trouver une solution à la crise actuelle basée sur «un processus politique pacifique et ouvert». Le MAE algérien s'est insurgé contre le fait que les eurodéputés «se sont même arrogé, toute honte bue, un droit d'exiger du Parlement algérien de modifier des lois que nos députés ont souverainement adoptées». «Par cette démarche, le Parlement européen a démontré son mépris, non seulement des institutions algériennes mais également des mécanismes bilatéraux de consultation prévus par l'accord d'association» entre l'Algérie et l'Union européenne, a souligné le ministère, relevant que le Parlement européen «a surtout confirmé, à l'initiative des députés instigateurs, qu'il promeut désormais ouvertement l'agenda du chaos provoqué, qu'ils ont malheureusement mis en œuvre dans bien des pays frères». «Il est révélateur qu'un des parlementaires européens ait fait l'éloge de la colonisation qui aurait permis, selon lui, l'exercice de la liberté de culte durant les 132 ans de l'occupation coloniale de l'Algérie», a fustigé le MAE. «L'Algérie condamne et rejette dans le fond et dans la forme cette immixtion flagrante dans ses affaires internes et se réserve le droit de procéder à un examen général et attentif de ses relations avec l'ensemble des institutions européennes», a noté le ministère. De son côté, l'APN a dénoncé «une ingérence flagrante dans les affaires internes et une provocation à l'égard du peuple algérien», alors que le sénat a rejeté des « agendas étrangers dictés à l'Algérie.» Mercredi dernier, le général Gaïd Salah avait affirmé que l'Algérie n'acceptait «aucune ingérence ou diktat (…) de quiconque», allusion aux déclarations du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et à cette résolution du Parlement européen.