Perché sur les monts de Djerrah dans la commune de Ammal, le village de Thyzza est sorti de l'anonymat en janvier 2016 à l'occasion de la fête de Yennayer. Une fête qui a drainé des milliers de visiteurs dont des artistes et artisans venus du Maroc, de Tunisie et de la Libye. En 2017, Thyzza a remporté le prix du village le plus propre de la wilaya. Une distinction rendue possible grâce au travail titanesque de l'association «Thafat» (Lumière), créée en 2008 avant d'être agréée en 2014. En l'espace de cinq ans, cette association a réussi ce que l'Etat n'a pas fait en 57 ans. Parsemée de part et d'autre d'arbres, la route menant au village est bien aménagée. On ne se lasse jamais de la parcourir. Une fois à la place du village c'est un autre décor qui subjugue le visiteur. Des jets d'eau au décor ancestral, des portraits des rois berbères, de Mouloud Mammeri et de grands hommes de la glorieuse Révolution à l'instar des Aït Ahmed, Abane Ramdane et du Colonel Amirouche sont faits par des mains d'artistes comme pour souhaiter la bienvenue aux hôtes de ce bourg entouré de vastes champs d'oliviers. Sur les accotements ou à terre, point d'ordures. Les trottoirs, couverts en béton imprimé, ajoute de la beauté au village. A l'entrée, on aperçoit une minuscule bibliothèque qui invite à la lecture. De l'autre coté, un petit abri sous forme de coupole sert d'arrêt de bus avec une boite à pharmacie accrochée à l'intérieur et des petits tabourets couverts en guise de chaises. De part et d'autres des ruelles, de minuscules poteaux d'éclairages sont alignées le long du chemin qui monte en direction d'une école primaire aux façades multicolores. «Tout ce que vous voyez a été fait grâce aux cotisations et les dons des villageois. Les autorités ne nous ont donné aucun centime», dira le président de l'association, Mokhtar Beljennat alias Moutchou. Selon lui, le secret de cette réussite réside dans l'esprit d'entraide et d'organisation qu'on retrouve chez tous les habitants du village. «En plus de ce que vous voyez, on a également ouvert des pistes pour faciliter l'accès aux champs d'oliviers. Récemment, on a fait venir des Syriens pour réaliser un forage afin de mettre le village à l'abri des pénuries d'eau. Pour faire face aux problèmes de coupures électriques, on a acheté un bloc électrogène. Nous avons aussi acquis les moyens nécessaires à l'organisation des fêtes de mariage qu'on a mis au service de tous les villageois», ajoute Mokhtar. Pour ce qui est de la collecte d'ordures, l'association a réservé des bacs pour le pain et d'autres pour le plastique, mais cette dernière matière ne trouve pas preneurs. Aujourd'hui, l'association se bat inlassablement pour réaliser un stade aux jeunes du village. «C'est notre plus grand défi. En 2007 quand on a obtenu le prix du village le plus propre, le wali d'alors nous a accordé une somme de 700 millions de centimes pour revêtir le stade du village en gazon synthétique, mais on n'a rien vu», regrette notre interlocuteur qui prévoit d'autres réalisations à l'avenir. Le travail accompli par «Thafat» devra donner à réfléchir à toutes les associations de la wilaya, notamment celles qui invoquent le manque de subventions comme prétexte pour justifier leur inertie.