Le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a reçu hier les « envoyés spéciaux » du président Sarkozy, Claude Guéant et Jean-Claude Levitte. Contrairement à leur première visite effectuée au mois de février 2009, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, et le conseiller diplomatique du président Sarkozy, Jean-Claude Levitte, ont pu « décrocher » cette fois-ci des entretiens au plus haut niveau. Un signe positif envoyé par Alger pour aplanir les différends politiques qui « empoisonnent » les relations algéro-françaises. Même si aucune indication officielle n'a été communiquée sur le contenu des discussions entre les deux parties, il reste que l'audience, qui s'est déroulée à la résidence d'Etat de Zéralda en présence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, atteste bien que l'Algérie « affiche » une volonté d'aller de l'avant et de sortir de « la crispation » qui domine les rapports entre les deux pays. Un signal que la France guette impatiemment depuis « l'enterrement » du traité d'amitié. Si les autorités algériennes n'ont rien communiqué sur l'objectif de la visite des deux responsables français, du côté français, par contre on assure que la venue de Guéant et Levitte, surnommés respectivement « cardinal de l'Elysée » et « sherpa du Président », a pour objectif de « maintenir le dialogue et le fil de contact » entre les deux pays, a affirmé la conseillère de presse de l'ambassade de France à Alger, Mme Kim-Loan Forgeron, en attendant qu'il y ait des visites au niveau institutionnel où des accords pourraient être signés. « Il est évident que tous les sujets, même ceux qui fâchent, seront abordés », a ajouté Mme Forgeron. Si sur le plan de la coopération économique les relations « n'ont jamais été affectées » par les malentendus politiques, il n'en demeure pas moins qu'entre Alger et Paris les sujets politiques qui fâchent ne manquent pas et ce n'est sans doute pas la présence de Bouteflika à Nice, à l'occasion du sommet Afrique-France, qui les apaisera, si l'on s'en tient aux déclarations de Sarkozy. « Est-ce qu'il suffit que le président Bouteflika participe au sommet Afrique-France pour que, d'un coup, tout s'éclaire dans la relation entre la France et l'Algérie ? Je crains de ne pas avoir exactement le même optimisme. Il faudra encore du temps », avait-il assuré. En apparence, les affaires Hasseni, l'inscription de l'Algérie sur la liste des pays à risque et la brûlante question de la mémoire sont les obstacles sur lesquels butent les relations algéro-françaises. Ils sont à l'origine du report de la visite d'Etat en France de Bouteflika, suppose-t-on. Il faut rappeler également que de nombreuses visites de ministres français en Algérie ont été « annulées » sans que l'Algérie ne fournisse de raison. Il est tout à fait clair que les relations entre l'Algérie et la France sont frappées d'un mystère s'il l'on juge du secret qui entoure les visites des responsables français à Alger. Des analystes pensent que les entraves qui empêchent le « réchauffement » des relations entre les deux pays ne se limitent pas aux seules « affaires médiatisées ». La source des blocages est de nature politique plus profonde que les deux pays sont « condamnés » à résoudre.