Ibrahim El Basri était un ami intime du grand poète irakien Abdelwahab El Beyati. Il ne cessait de prendre des notes sur « les travaux et les jours » du poète, consignait leurs conversations au cours desquelles les sujets les plus variés étaient abordés. Après le décès d'El Beyati, Ibrahim El Basri publia dans plusieurs revues arabes une série d'articles, des souvenirs personnels pour la plupart. Le nouvel ouvrage El Beyati : le poète de l'Irak éternel, d'Ibrahim El Basri n'est pas un mémorial ; c'est un livre traitant de l'œuvre de l'éminent poète irakien, découvrant sa personnalité. La narration, conduite très librement dans la manière vivante d'une conversation, relate le labeur du poète, retrace ses recherches poétiques, éclaire sa personnalité. El Basri fait converger les thèmes les plus divers, nous fait suivre la genèse des poèmes, analyse le sujet, le fond, la forme de ses œuvres, rapporte des souvenirs, fait voisiner la polémique littéraire et les entretiens qu'il a eus avec les proches d'El Beyati, livre des remarques sur l'individualité, la tournure d'esprit du poète, rend compte des recherches effectuées dans les archives. Le livre d'Ibrahim El Basri a justement cela de particulier qu'il s'étaye moins sur les œuvres complètes d'El Beyati ou tel autre document accessible au grand public que sur les contacts personnels, les observations, sur les innombrables entretiens et conversations menés ensemble. Donc, tous ceux qui s'intéressent à la vie et aux activités d'El Beyati, et à plus forte raison ceux qui dissèquent son œuvre, trouveront dans cet ouvrage une source de renseignements précieux, ainsi qu'une riche documentation. Constatons que ni la diversité du matériau utilisé par l'auteur, ni le ton détendu de la narration, rien ne nuit à l'unicité de l'ouvrage, ne détruit son intégrité, rien n'entrave la logique de son développement, ne porte atteinte à son caractère fondamental. Le livre s'ouvre sur un chapitre analysant les sources de la poésie et la personnalité d'El Beyati, son enfance, ses débuts littéraires. Suit le récit de ses jeunes années, la quête pénible de sa place dans la littérature irakienne. Le super objectif de l'auteur est de comprendre la personnalité d'El Beyati, son œuvre, de les montrer dans leur unicité et leur interférence. C'est certainement la raison pour laquelle il conclut par des notes sur le célèbre recueil du poète : Vases éclatés. Il considère, en guise d'épilogue, que la vie d'El Beyati ressemble à l'histoire « éclatée » de l'Irak. Enfin, il rapporte ses dernières rencontres avec le poète aux prises avec la maladie. Des moments tristes où El Beyati ne cessait de parler de « L'Irak uni, fort et éternel ».