Les habitants de Aïn Gherab, pour la plupart des éleveurs et des maquignons, ont enterré hier leurs morts dans un climat de peur et de consternation. Au lendemain de l'attentat perpétré contre des civils lors d'une fête de mariage à Aïn Gherab, une commune annexe relevant de l'APC de Stah, à plus de 120 km de Tébessa, des centaines de villageois, pour la plupart des éleveurs et des maquignons, semblent plongés dans une grande panique. Dans la nuit de jeudi à vendredi, vers 22h30, un groupe de terroristes dont le nombre d'éléments demeure toujours inconnu, s'est attaqué à la maison où se déroulait le fête de mariage d'un jeune militaire de la famille Aouin. Au moment où les convives revenaient de Khenchela pour célébrer les rites du henné, ils sont surpris par des tirs nourris d'armes automatiques. Le bilan est lourd : cinq personnes sont mortes sur le coup. Immédiatement après cet acte criminel, une opération de ratissage a été enclenchée par les éléments de l'ANP de la caserne de Stah dans les régions avoisinantes ; un important périmètre aurait été bouclé pour empêcher ces sanguinaires d'échapper. Nos sources avancent que des hélicoptères ont survolé à basse attitude le massif du Stah, quelques heures seulement après l'attentat, pour traquer cette horde qui serait sous la houlette de katibat El Ahoual, qui activait il y a quelque temps dans le Sahara des Nememchas, entre les wilayas de Tébessa et de Khenchela. Les corps sans vie ont été transportés, hier, de la morgue de l'hôpital Allia Salah de Tébessa vers le cimetière du village. Aïn Gherab était désert, toute la population était entassée dans les trois maisons mortuaires pour consoler les familles de victimes ; les quelques commerces et le seul café du village ont baissé rideau durant toute la journée en signe de deuil, un paysage désolant. En colère, certains parlent de règlement de comptes et de vengeance alors que d'autres maudissent la région et la situation déplorable dans laquelle ils vivent. « Désormais on n'est plus à l'abri si on pénètre chez nous pour nous tuer pour une raison qu'on ignore. C'est lamentable », a déclaré un membre de la famille des victimes. Trois corps, celui de Laoui Mohamed Lamine (23 ans), celui de Adjel Rachid (33 ans) et celui de Aouin Moundher (42 ans) ont été inhumés au cimetière de Aïn Gherab qui était noir de monde, plusieurs centaines de personnes étaient venues pour assister aux funérailles. Les dépouilles mortelles du jeune Menassera Amar (14 ans) et Aouin Bouzid (42 ans), étaient toujours à la morgue de l'hôpital Allia Salah de Tébessa à l'heure où nous mettons sous presse, mais selon une source hospitalière, ils devaient être évacués incessamment et enterrés dans la nuit.