Apparemment rien ne va plus au CEM Fadila Saâdane où un climat de grande tension s'est installé entre, d'une part, des enseignants déterminés à aller jusqu'au bout pour faire éclater la vérité, et d'autre part le directeur de l'établissement qui campe sur ses positions, balayant du revers de la main tout ce qu'il lui est imputé. Les nombreuses et graves accusations portées à son encontre, qui ont fait l'objet de moult correspondances et autres rapports adressés à la direction de l'éducation, au ministère de tutelle et au wali de Constantine, montrent à quel point s'est dégradée la relation de travail, hypothéquant de fait la sérénité requise en pareil lieu. Les contestataires, au nombre de douze, qui se sont présentés à notre rédaction munis de documents avec preuves à l'appui, ont dénoncé « des dépassements ». Leur réquisitoire, soutenu par un dossier bien ficelé, révèle justement « des dépassements » qui résument une vie scolaire faite de « pressions sur une partie du corps enseignant et (de) traitement de certains d'entre eux par la menace et l'humiliation ». Ce comportement est survenu suite aux dénonciations formulées par ces enseignants, allant de la « falsification de bulletins, au gonflement disproportionné des notes de certains élèves ». Mais plus ahurissant encore, insistent nos interlocuteurs, « le passage injustifié de certains élèves de la 1ère à la 3ème année et l'inscription au CEM d'élèves ayant été orientés vers la vie active dans d'autres établissement ». Ces faits ne seraient pas « des cas isolés », selon nos interlocuteurs, mais se comptent « par dizaines et se passent dans l'impunité totale ». Les plaignants signalent des conditions de scolarité déplorables, se détériorant chaque jour un peu plus. Le directeur qui, disent-ils, « est tout le temps absent », est accusé à ce titre « de désistement envers ses responsabilités et de manque de gestion ». Selon eux, « son absence trop fréquente de l'établissement a instauré l'anarchie et le laisser-aller, à tel point que les élèves n'ont plus aucun respect pour leurs enseignants et la discipline requise ». Dans le dossier qu'ils nous ont remis, une lettre émanant d'un groupe de parents d'élèves, adressée le 27 mai dernier au directeur de l'éducation, dénonce notamment les comportements « ségrégatifs » du personnel de l'établissement envers certains élèves et « le comportement amoral des enfants du directeur », et exhorte, à ce titre, le premier responsable du secteur à agir au plus vite pour rétablir un climat serein dans l'établissement. Joint au téléphone pour apporter son point de vue sur les accusations portées à son encontre, Mohamed Latafi, directeur du CEM Fadila Saâdane, répond ainsi : « Toutes les accusations qui me sont portées ne tiennent pas la route, elles restent sans fondement aucun. Je dirige cet établissement depuis 10 ans et le fond du problème réside dans le fait que ce sont les responsables du syndicat de l'UNPEF qui se cachent derrière cette grotesque mise en scène. J'appelle, moi, à ce qu'une commission d'enquête soit constituée et se penche sur ces soi-disant dépassements, et là nous apprendrons la vérité. » En attendant qu'un tel vœu formulé par les deux parties en conflit trouve un écho au niveau des responsables du secteur, qui ont été informés mais qui restent confinés dans un mutisme incompréhensible, l'atmosphère au niveau du CEM demeure polluée par des hostilités ouvertes, lesquelles en perdurant ne pourront aller que vers le pourrissement, avec les conséquences désastreuses que cela suppose pour la scolarité des élèves.