Qui pourra, finalement, arrêter cette terrifiante machine allemande qui broie tout sur son passage ? Pour cause, hier elle est passée sur le dos de Maradona et a mis le grand Messi (e) en mode inactif. Non, je ne vois vraiment pas une équipe capable de battre ces voraces poulains de Löw, mis à part la sélection d'Algérie… Pas celle de Saâdane bien évidemment. Au fait, bonne ou mauvaise nouvelle, c'est selon, on va finalement se farcir « Si Rabah » pour deux autres longues années. Le grand manitou a finalement parlé : c'est le fameux « changement dans la continuité », dans la pure tradition FLN avec les dégâts que l'on sait. En bon connaisseur du sérail, Saâdane savait que le silence est d'or pour qui veut gagner de l'argent. Aussitôt l'orage des critiques post-élimination passé, le vieux a repris les couleurs et son poste à la surprise de tous. L'arbitre, Raouraoua, a siffl la fin du match bien avant la date butoir du 15 juillet annoncée. Il n'y aura pas de prolongations pour qui veut briguer le poste le plus lucratif du pays sans aucune obligation de résultat en prime ! C'est donc Saâdane acte V, comme Zeroual en 1995, Bouteflika en 1999, 2004 et 2009. C'est comme cela, en politique comme en football, il n'y a jamais de surprises en Algérie. Tout est réglé comme du papier à musique et la symphonie est bien connue. Pourquoi donc changer une équipe qui perd, est-on tenté d'écrire ? Le cheikh déchu en Angola puis en Afrique du Sud va désormais reprendre son titre, avec dans doute plus de respectabilité de tous ceux qui gravitent autour du foot algérien. Finies donc ces « unes » légitimement contre le maintien de Saâdane, proposées quasi-quotidiennement par nos journaux. Autres temps, autres tons. Il va falloir maintenant inverser l'argumentaire, quitte à écrire exactement le contraire de ce qu'on a commis en pleine tempête contre Si Rabah. Finis aussi ces noms de techniciens étrangers « contactés » par procuration qu'on nous servait comme étant les futurs patrons des Verts. Non, rien de tout ça. Lentement et sûrement, les journaux les plus critiques à l'égard du cheikh vont nous proposer studieusement et avec la même conviction la feuille de route de Saâdane. Ils s'épancheront aussi sur les qualités – retrouvées ? – de ce sélectionneur, hier décrié. Ils nous rappelleront les petits mots gentils que Aimé Jacquet et Capello ont dit de Saâdane pour mieux faire passer la pilule. Ils nous diront tout de Si Rabah, y compris qu'il a la « baraka », mais ce dernier est finalement le grand gagnant d'un match qu'il n'a pas livré. Ne serait-ce pour ça, je lui tire une fière chandelle, moi qui souhaitais ardemment son départ indépendamment du fait qu'il soit un brave homme digne de respect. Je retiens tout de même que les journaux qui nous proposaient des castings de haut vol depuis le retour précipité des Verts à la maison ont tout faux. Et, j'imagine, nul ne nous expliquera pourquoi Saâdane va finalement garder la baraque défensive des Verts pour un autre « mandat ». Dès aujourd'hui, on va spéculer prioritairement sur les futurs adjoints de Si Rabah et accessoirement les lieux des prochains regroupements et évidemment ce que pensent Ziani, Antar et Bougherra du maintien de leur cheikh bien aimé. La suite vous la devinez… A vrai dire, on s'attendait un peu à ce scénario. Hafid Derradji s'est chargé de tirer un coup de sommation. Il a poussé l'outrecuidance sur les colonnes bienveillantes d'un confrère jusqu'à accuser la presse nationale de manquer « d'esprit de responsabilité » pour avoir critiqué Saâdane ! Cette presse qui lui offre – comble de l'ironie – l'hospitalité de ses colonnes pour seriner ses généralités sur un ton radiophonique… Je sais qu'il était le chargé de la « Com » de Raouraoua, j'ignorais par contre qu'il était le gardien de l'éthique professionnelle des journalistes. C'est le grand écart…