Avec trois équipes présentes en demi-finales du Mondial-2010, Espagne, Allemagne et Pays-Bas, la vieille Europe a pris sa revanche sur un continent américain sorti grand vainqueur du premier tour et dont l'Uruguay est le seul survivant dans le dernier carré. L'Europe s'offre même un « classique » avec une demi-finale Espagne-Allemagne, revanche de la finale de l'Euro-2008, remportée par la Roja. Les parcours des membres du vieux continent ne se ressemblent pas. L'Allemagne a fait sa révolution. Certes, le forfait sur blessure de Ballack, avant le Mondial, a précipité le rajeunissement d'une Mannschaft insolente, avec un peu plus de 24 ans de moyenne d'âge. Mais Joachim Löw avait amorcé le vent du changement en écartant des Frings, Metzelder et Kuranyi aux jambes trop vieilles ou trop lourdes pour le style de jeu souhaité. Avec 13 buts inscrit en 5 matches, la Mannschaft n'est plus une mécanique froide : insouciante, décomplexée, créative, l'Allemagne fait plaisir à voir. En Espagne, la voie de la continuité a été choisie. Vicente Del Bosque a pris la succession de Luis Aragones, qui avait mené la Roja au sacre de l'Euro-2008. Le titre s'était accompagné d'un label beau jeu admiré par la planète football. Mais Del Bosque a eu du mal à entretenir le feu sacré, en dépit d'un bilan de deux défaites seulement en un peu plus de trois ans. Il y a d'abord eu ce revers surpris contre les USA en demi-finale de la coupe des Confédérations en 2009, en Afrique du Sud. L'Uruguay, la surprise Puis il a eu cet autre coup de théâtre avec l'échec contre la Suisse pour le premier match de poule du Mondial. Mais même si la Roja n'est pas aussi irrésistible qu'il y a deux ans, le « toque » animé par Xavi et Iniesta avance tant bien que mal. Et surtout, contrairement aux autres « gros » déjà éliminés de ce Mondial, l'Espagne peut compter sur un joueur-clé qui confirme. Villa, qui termina meilleur buteur de l'Euro-2008, est seul en tête du classement des artificiers en Afrique du Sud, avec cinq réalisations. Messi et Rooney sont partis sans un but, Cristiano Ronaldo a quitté le Mondial avec un seul but. Pour les Pays-Bas, rien n'a changé et les « ego » sont toujours exacerbés. Cette année, c'est Van Persie qui persifle. « Avec Van der Vaart, Sneijder et Robben dans mon dos, nous allons faire des dégâts », avait lancé l'attaquant d'Arsenal avant le Mondial, fantasmant sur un « big four » qui n'a jamais vu le jour. Kuyt avait peu apprécié. Puis, pendant le tournoi, Van Persie a laissé éclater sa colère au moment d'être remplacé en fin de match face à la Slovaquie. Mais ce sont les nerfs des Brésiliens qui ont craqué face aux Néerlandais, alors que la Seleçao avait pourtant ouvert le score en quart. En demi-finale, les Oranje rencontrent l'Uruguay, que personne n'attendait. La Celeste est prête à tout, privée depuis 40 ans du dernier carré d'un Mondial. On attendait un Forlan déchaîné, mais c'est Suarez qui est devenu le héros de 3,5 millions d'habitants, en arrêtant en quart un but de la main face au Ghana. Il y a 24 ans, Maradona était entré dans l'histoire avec sa « main de Dieu ». Etre en finale le 11 juillet serait une divine surprise pour l'Uruguay.