De vaillants hommes ont échafaudé les tréteaux de l'indépendance du pays. Parmi eux, Hadj Benali Benachenhou qui a joué un rôle non négligeable dans le renforcement du Parti du peuple algérien (PPA). Il est né dans une maison modeste de la ruelle Qoran El Kébir à Tlemcen. Hadj Benali fréquente la seule école réservée aux « garçons indigènes », l'école Décieux, jusqu'au niveau du certificat d'études primaires. C'est à l'âge de 16 ans que son esprit nationaliste mûrit. Il est en contact avec les membres du PPA, puis à 18 ans, alors que le parti de Messali était interdit, il commence à prendre part aux réunions d'une des cellules clandestines en activité dans la ville. Hadj Benali est appelé en 1946 pour effectuer son service militaire dans l'armée d'occupation. Après sa démobilisation, il reprend ses activités de militant et continue les exercices de préparations militaires pour la future guerre de libération dans le cadre de l'Organisation secrète. El Hadj Benali est arrêté avec un groupe de militants nationalistes en activité dans l'Oranie, dont Aït Hamouda Amirouche, Rabah Bitat, Chouaib Tchouar, Ahmed Zabana, Abderrahmane Bensaid et des centaines d'autres. Torturé, puis traduit devant le tribunal militaire d'Oran, Hadj Benali connaîtra la prison pendant deux années, en compagnie de ces militants ; il est libéré en 1952, couvert par une grâce présidentielle générale. Il retourne à Tlemcen, reprend ses activités militantes en même temps que son métier. Il milite dans le CRUA, qui devait donner naissance par la suite à l'organisation du FLN/ALN. Pendant la guerre de libération nationale, bien que messaliste convaincu, il préfère prendre le côté du FLN/ALN et se retrouve dans une cellule de collecte de fonds et de livraison de produits alimentaires et d'habillements, plus particulièrement de pataugas, dont l'administration coloniale avait fortement réglementé la distribution et la vente. Il accompagne fréquemment ses livraisons au maquis et il rencontre les responsables de la Zone 1, qui couvrait la région de Tlemcen, dont le regretté Chérif Belkacem, alors affecté comme contrôleur de l'ALN. Fort de son expérience de la clandestinité, Hadj Benali réussit à échapper à la vigilance des forces coloniales, qui, à l'époque, abattaient sans pitié tout militant impliqué dans le soutien à l'ALN. A l'indépendance, malgré la sollicitation de hauts responsables du pays, dont beaucoup, y compris Ahmed Benbella : il refuse toute position politique et se consacre aux affaires. Ce fut un homme à la fois courageux et modeste, sincère et modéré, exemple d'honnêteté à toutes épreuves. Son souvenir demeurera lié à l'histoire de Tlemcen qui a donné tant de grandes personnalités à notre pays.