Ce n'est pas la première fois que des fautes gravissimes s'y produisent. Fils de hauts responsables militaires et civils de la nomenklatura algérienne en étaient d'ailleurs les champions dans le « marché » des visas diplomatiques. Mais la dernière demeure un peu singulière, datant de deux semaines seulement, elle concerne le rapatriement en secret d'un officier du Groupe d'intervention spécial (GIS) vers Alger. En effet, il s'agit d'un certain Youcef, un technicien dans le désamorçage des engins explosifs qui bénéficia sur demande du département de Zerhouni d'un visa diplomatique type A2 pour aller subir un stage à Richmond, en Virginie, et un entraînement supplémentaire dans l'Etat de la Louisiane. Le visa en question attribué dans le cadre d'une coopération gouvernementale a été émis par les services consulaires américains le 6 mai 2002. Mais après avoir obtenu le document, le technicien-officier changea d'horizon et quitta le GIS pour aller faire autre chose. La direction de la police algérienne et sa direction-mère, le ministère de l'Intérieur, « soucieux de l'image de l'Algérie » et « modèles en matière de coopération sécuritaire », n'ont pas pris leur responsabilité pour informer l'institution américaine émettrice du visa ni convoquer le concerné... car c'est au nom du gouvernement algérien qu'il avait obtenu l'autorisation pour se rendre aux Etats-Unis. Après 10 mois, M. Youcef a resurgi du côté de Washington où il arriva à l'aéroport de Dulles le 2 mars 2003. Après une relaxe d'une semaine, l'officier du GIS trouva un emploi dans un restaurant puis devint permanent dans un autre restaurant du grand Washington. Il faut attendre juillet 2004 pour voir l'alerte enclenchée afin de retracer ce « visiteur » manquant. Au département d'Etat, ce fut le branle-bas de combat. On annula expressément son visa et l'ordre a été donné au ICE, une section du département de la sécurité intérieure, afin de le capturer. Une tracasserie avec son lot de dépenses et de conséquences, touchant même les Algériens en situation légale. En octobre, les agents ont pu arrêter Youcef, lequel a été conduit vers un centre pénitentiaire. Présenté devant un juge, en décembre 2004, il accepta de rentrer volontairement au pays dans un délai de 60 jours. L'ambassade d'Algérie lui octroya un billet d'avion, et il regagna vraisemblablement Alger à la fin février 2005. Son cas alimente encore tant de spéculations dans une période marquée par des mesures de sécurité extrêmes.