Des centaines de jeunes, aussi bien chômeurs que collégiens, lycéens ou universitaires, semblent ne savoir que faire de leur temps. Les journées sont longues, torrides et ennuyeuses à Mila, où le manque de loisirs et de distractions est abyssal. Comme à chaque saison estivale, les vacances passent langoureusement et se ressemblent dans les villes et les chaumières de Mila. L'été est synonyme pour la majorité de la population, grands et petits, de calvaire moral et d'éprouvante période de platitude, de marasme et de fadeur. Comment combler les longues journées fastidieuses et que faire pour pallier la lassitude prégnante et la monotonie stressante ? Telles sont les interrogations qui taraudent le plus les esprits. Après les fortes sensations et la ferveur générées par le Mondial sud-africain, qui tire hélas à sa fin, le découragement et la tristesse sont d'ores et déjà dans l'air du temps. Eternels exutoires et uniques endroits de prédilection pour les rencontres entre amis et voisins du quartier, les terrasses de café et les estaminets crasseux et enfumés sont bondés de gens bavardant à bâtons rompus sur les exploits des sélections disputant la Coupe du monde et autres faits divers. Ces retrouvailles quotidiennes sont dues à l'inexistence de perspectives d'évasion et de distraction, devenues un pis-aller pour la plupart des riverains. Les cafés et les placettes publiques se délestent de cette population bruyante au fur et à mesure que le thermomètre monte et que l'atmosphère devient confinée. Le brouhaha matinal s'estompe progressivement et les rues et artères commerciales, jusque-là animées, désemplissent à mesure que la canicule s'installe. Vers la mi-journée, et jusqu'aux coups de 18 h, c'est la torpeur et le farniente qui prennent le dessus, et rares sont les personnes qui osent s'exposer aux dards brûlants du soleil. Une population privée du strict minimum De dizaines d'habitants des agglomérations du nord montagneux de la wilaya, à l'exemple de Hamala, Chigra, Tereï Beinen, Tassala Lemtaï, Layadi Barbès et Amira Arrès, à l'instar de ceux de l'extrême sud, comme M'chira et Ouled Khelouf, nous ont affirmé tout de go ignorer tout des plaisirs de la période estivale. Nombreux sont qui attestent passer les vacances d'été dans leurs chaumières respectives à faire les badauds ou scruter des horizons qui semblent s'éloigner. Selon leurs assertions, « profiter de la période estivale en élisant domicile sur le littoral pour quelques jours réparateurs, ou effectuer un voyage de plaisance en Tunisie ou dans un autre pays étranger est un luxe qui suppose de gros moyens financiers ». Majoritairement issus de familles pauvres ou d'entités sociales rurales précaires, des centaines de jeunes, aussi bien des désoeuvrés que des collégiens, lycéens ou universitaires, meublent tant bien que mal leurs épuisantes journées. Les interminables parties de cartes et de dominos, la lecture des journaux, les discussions à propos de tout et de rien et les flâneries, constituent l'essentiel de leurs activités ludiques. « Heureusement que nous avons la parabole et Internet, sinon nous aurions tous perdu la raison », résume mélancoliquement un jeune détenteur du bac qui jure d'« aller faire son avenir ailleurs une fois ses études supérieures terminées ». Propos, on ne peut plus lourds de sens sur le désespoir qui lamine de larges pans de la population, privés du strict minimum.