“Toutes les saisons se ressemblent et tous les jours se ressemblent. On s'ennuie donc… un peu.” Pasticher de la sorte Saint-Exupéry, écrivain, dont l'audience en milieu scolaire n'est plus à démontrer, revient à décrire laconiquement, mais avec beaucoup de fidélité, la situation de centaines d'enseignants et de milliers d'élèves pendant la saison estivale, dans la commune de Sidi Mérouane, où vacances d'été riment (au propre et au figuré) avec morosité. En effet, aucune distraction n'est possible, dans cette agglomération du nord de Mila, si ce n'est celle de musarder paresseusement le long des rues poussiéreuses et ce, faute d'espace de détente et de loisirs. Bibliothèques, salles de sport, complexes de proximité — ô combien à la portée de tous sous d'autres cieux — appartiennent dans cette grosse bourgade où végètent près de 23 000 âmes au registre des mots inconnus ! Pour les centaines d'enseignants de la localité, le manque de moyens aidant, les vacances d'été sont devenues, tout simplement, synonymes de monotonie, voire de malvie. Et la période estivale, d'une platitude déprimante, ressemble, à leurs yeux, à toutes les périodes de l'année. Car leurs “vacances”, ils les “tuent” invariablement sur les terrasses des cafés, à parler de la pluie et du beau temps, regrettant de toute leur âme d'être en congé ! Pendant que beaucoup d'entre eux préfèrent se calfeutrer carrément chez eux, ne se montrant qu'à des moments fugaces de la journée, quand la chaleur torride du jour aura laissé place à la petite fraîcheur vespérale. “Je ne sors que dans la matinée ou en fin d'après-midi, mais rarement en milieu de journée”, nous dira un maître d'école, avec une note de dégoût. Et cette attitude, faut-il le souligner, est largement partagée par la population locale. Désolante et non moins paradoxale situation que celle de ces fonctionnaires qui ne peuvent mettre à profit cette opportunité annuelle, faite pourtant pour eux ! Côté enfants, le tableau n'est guère différent. Logés à la même enseigne, les petits de la localité meublent leurs journées d'été de tout et de rien. En effet, s'ils ne sont pas à se livrer à des baignades dangereuses dans le lac de Beni Haroun, où six adolescents, tous des collégiens, ont déjà laissé la vie depuis la mise à l'eau de cet important barrage en 2002, ils sont, à n'en pas douter, dans la rue, à faire les petits marchands ou, sur les hauteurs du village, à recycler leurs jeux stériles et violents, par des températures qui frisent parfois les 40° à l'ombre. Kamel Bouabdellah