Le développement d'activités socio-culturelles est à même de booster le retour à la vie dans ces zones désertées. L'ambiance campagnarde, dans les zones sud du massif de Chréa, reprend progressivement ses droit. Kerrach, Amchach, Oued Medjbour, autant de toponymie qui a souvent rimé avec vergers de grenadiers, figuiers, et fruits et légumes bio de haute qualité ramenés sur dos de mulets jusqu'à la placette de Chréa où algérois, blidéens et autres visiteurs des wilayas limitrophes se montraient particulièrement friands de ces produits du terroir. Les périmètres sécurisés, dans la région de Chréa, contournent des dizaines de sites abritant les vestiges de bourgades abandonnés. Cela permet des visites périodiques des vieux agriculteurs qui, depuis quelques années, s'affairent à faire rejaillir la verdure d'antan et nettoyer les vergers envahis par les broussailles. Le mouvement est fréquent surtout pendant la saison estivale et en automne, période de récolte. Aux pas alertes des fellahs vient s'ajouter l'ambiance joyeuse des randonneurs qui commencent à se rendre par centaines dans ces zones, qui étaient, il n'y a pas longtemps, inaccessibles. « Chréa c'est dans le sang. Nous organisons chaque année trois à quatre randonnées pédestres en ciblant le sud, l'est et l'ouest du massif forestier. Le nombre de participants va crescendo. De 2008 à 2010, nous sommes passés de 150 à plus de 350 randonneurs, notamment en ce mois de juillet », affirme Sidi Moussa Lyès, membre de l'association Ski Club Chréa. Notre interlocuteur est d'autant plus optimiste et confiant à la vue de la splendeur de cette biodiversité. « Kerrach, était le bassin de l'agriculture de montagne dans cette région. On y pratiquait l'apiculture, l'arboriculture, le maraîchage et on pouvait facilement, dans ces oueds alimentés par les eaux des résurgences, pêcher des poissons dépassant les dizaines de kilogrammes par espèce », ajoute t-il. Un autre randonneur, qui s'exprime au nom de l'association Cèdre de Chréa, met en avant la menace des incendies qui ont, lors des trois dernières années, calciné des milliers d'hectares, menaçant même la cédraie de Chréa. « Si nous espérons le retour progressif des villageois et l'essor des activités dans cette zone montagneuse, il faudra protéger le paysage avec sa faune et sa flore. Le péril, ce sont les feux de forêt et l'incivisme de certains visiteurs », dit-il. La dernière randonnée organisée récemment, qui a regroupé des dizaines d'associations d'Alger et de Blida et plus de 350 randonneurs, a été perçue comme un signe précurseur de la redynamisation, par la sensibilisation et l'éducation, de l'économie rurale dans cette zone touristique. Toutefois, pour rendre pérenne cette ambiance champêtre avec l'appui des mouvements associatifs, assure un responsable d'une association, l'aide des acteurs socio-économiques de la région et aussi des autorités sont nécessaires. « Nous comptons développer d'autres activités dans les sports de montagne, à l'exemple du ski de fond, le VTT et l'escalade, mais, pour ce dernier nous n'avons pas de sites aménagés. La roche de Chréa est principalement constituée d'ardoise, une roche friable qui ne permet pas la fixation des pitons d'escalade. Nous avons sollicité les autorités par écrit et nous espérons du concret. Le développement des activités socioculturelles est à même de booster le retour à la vie dans ces zones désertées » déclare-t-il enthousiaste .