Une région stratégique, coincée au centre-est du pays, qui risque dans les prochaines années de connaître un bouleversement dans tous les domaines. «Pour éviter la ruralisation d'une ville, il faut prévoir dans les années à venir l'urbanisation du monde rural, offrir les mêmes commodités de vie aux campagnards que les citadins, c'est dire qu'il faut prévoir une stratégie de développement du monde rural, stopper l'exode et redonner à l'agriculture et ses vecteurs de production une importance capitale», telle est l'optique globale défendue par le wali de Bordj Bou Arréridj, Kaddid Abderrahmane, lors d'un entretien avec L'Expression dont nous reproduisons la partie consacrée par le développement durable de la campagne de toute la région des Bibans. Une région stratégique, coincée au centre-est du pays, qui risque dans les prochaines années de connaître un bouleversement dans tous les domaines, mais aussi un exode de la population vers les grands centres urbains, tels que Bouira, M'sila, Sétif et Bordj Bou Arréridj. Pour le wali de Bordj Bou Arréridj, l'enjeu spatial est un objectif pour la wilaya qui doit maintenir un équilibre existant entre population rurale (45%) et population urbaine (55%), et diminuer le plus possible les disparités entre le rural et l'urbain, notamment en matière de cadre de vie et d'offres d'emploi. Aussi, selon M.Kaddid, après des tournées à travers toutes les communes, et en collaboration avec tous les secteurs, notamment la Direction de la planification de l'aménagement du territoire (Dpat), il a été préconisé dans les cinq années à venir 2005-2009 (plan quinquennal aidant), d'adapter tous les programmes projetés par les différents secteurs aux préoccupations majeures des populations rurales. Une séance de travail a été consacrée récemment d'ailleurs à cette stratégie du développement rural à l'échelle de wilaya. Il a été convenu qu'il est à la charge des autorités locales de dégager les priorités suivant les attentes des populations rurales. Pour le wali de Bordj Bou Arréridj, il s'agit de dégager les priorités urgentes, les concrétiser, principalement les secteurs stratégiques ruraux, à savoir l'agriculture et les forêts, tout en introduisant les commodités de vie, comme le gaz naturel, la santé, l'éducation, l'AEP, l'assainissement, etc.; aussi, dans le secteur de l'agriculture, il a été retenu entre autres actions, le développement de l'irrigation (mobilisation des eaux et développement des systèmes d'irrigation économiseurs d'eau) le développement des élevages fermiers (ovin, bovin...) et le développement des petits élevages dont l'apiculture, la mise en valeur par l'amélioration foncière, le désenclavement, les plantations fruitières, la réhabilitation des vieux vergers, l'exploitation de bois (création de scieries), l'exploitation des plantes médicinales, aromatiques et condimentaires, la création de petites unités d'élevage de gibier. Cette stratégie de maintenir la population rurale dans le secteur de l'agriculture sera suivie, bien entendu, par la création d'activités de densification de l'activité économique (petits métiers - atelier de soudure, coiffure, menuiserie, transport rural et métiers ruraux) et la promotion des activités artisanales et touristiques (sources thermales, sites naturels et historiques) et l'exploitation des gisements naturels (argile, gypse et agrégats). Cette série d'interventions, financée par les divers fonds et aides directes et indirectes est accompagnée par des grands travaux comme le traitement des bassins versants K'sob, Tichy Hef et Bousselem, la lutte contre la désertification de la zone steppique (sud) par l'amélioration du taux de couverture végétale, le reboisement et l'amélioration des parcours, la lutte contre l'érosion par la défense, la conservation et la restauration des sols et enfin la protection et la valorisation du patrimoine forestier. Pour les populations, les autorités locales viseront l'amélioration des conditions de vie dans des secteurs comme l'alimentation en eau potable, l'ouverture, l'aménagement et l'entretien des voies d'accès (routes et pistes), l'amélioration du taux de couverture sanitaire, le développement du ramassage scolaire, l'amélioration des conditions d'habitat, le développement des structures culturelles et sportives de proximité. Selon M.Kaddid, la wilaya compte 498 localités rurales pour une population de 241.309 habitants en agglomération secondaire et zone éparse alors que la population globale des 34 communes est de 692.000 habitants. Pour le wali de Bordj Bou Arréridj, cette stratégie est réalisable, et le concours de tous les responsables et élus est plus que nécessaire, c'est une obligation, un devoir. D'ailleurs, les programmes initiés par le président de la République ont porté leurs fruits : relance économique, soutien à la relance, retour des population, etc. «Actuellement, des projets ont été lancés dans divers secteurs émanant justement de cette stratégie du développement rural dans le cadre du plan quinquennal», ajoutant que la réussite dépend, comme toujours, de la volonté des hommes et dans le monde rural de l'effort particulier des élus. Un enjeu à relever pour le développement du monde rural.