Sortie en 2018, cette dernière fiction filmée en noir et blanc par Mohamed Tayeb Laggoune, sélectionnée dans de nombreux festivals internationaux, raconte l'histoire de deux terroristes de Daech, dont une femme rentrée de Syrie, qui préparent un attentat dans une raffinerie de pétrole algérienne. Les scènes se déroulent dans une maison «refuge» située en plein désert, dans la région de Timimoun, où les deux comparses reçoivent la visite d'autres combattants de l'Etat islamique venant de la frontière libyenne pour leur fournir les armes et les explosifs nécessaires. Cette production cinématographique met en avant l'aspect psychologique des deux kamikazes campés dans ce film par Amine (Mohamed Oughlis) et Nour (Sarah Layssac) qui trouvaient du temps pour s'aimer, s'embrasser dans leur couchette, se shooter aux psychotropes euphorisants tout en adorant Dieu et en planifiant leur mission macabre. Vent divin s'inscrit dans la lignée des films politiques, où Merzak Allouache dissèque le phénomène de la radicalisation islamiste et la montée de l'intégrisme religieux dans le monde arabe. «C'est un film un peu dur qui raconte une période difficile», a résumé Merzak Allouache dans les débats ayant suivi la projection. Sur le choix de la couleur, il déclare : «Je n'ai jamais fait cette expérience. Filmer le très beau Sahara en couleur risque de nous mener sur autre chose que ce qu'on veut. On a tourné à Timimoun en atténuant les couleurs pour rester avec les personnages. C'est un choix personnel.» Merzak Allouache a fait part également des difficultés ayant entravé le tournage de ce film dans le Sud algérien. «Après une semaine de tournage, un responsable militaire nous a demandé d'arrêter de filmer près d'une raffinerie. J'étais obligé de continuer mes séquences dans le coin où nous avions pris nos quartiers. Je n'ai pas eu droit aux grands espaces. Certains ont beaucoup de conditions pour tourner, j'espère que cela va changer.» Répondant aux questions du public, Merzak Allouache a déploré la production pléthorique de films événementiels, culturels et de propagande réalisés ces dernières années avec beaucoup de moyens financiers, mais vus uniquement à la télévision. L'invité de la Cinémathèque s'est dit, d'autre part, «heureux de revenir à Tizi Ouzou où j'ai interviewé Matoub Lounès en 1995». Vent divin a été produit par Les Asphofilms (France) et Baya Films (Algérie) avec le soutien de Doha film Institute. La projection de Vent divin clôture le cycle Merzak Allouache qu'a abrité la Cinémathèque de Tizi Ouzou du 9 au 15 février. A l'affiche, Omar Gatlato (1976), Le repenti (2012), Les terrasses (2013), Madame courage (2015). Ce cycle se poursuivra dans d'autres salles de répertoire de la Cinémathèque algérienne, notamment à Alger, Béjaïa, Oran, Tlemcen et Annaba, a-t-on annoncé.