Il est devenu quasiment impossible de circuler au centre-ville, s'accordent à dire la plupart des chauffeurs de taxi que nous avons approchés. Les automobilistes doivent déployer des trésors de patience et de ruse pour se frayer un passage. Ceci est un fait accompli. Le problème, un vrai casse-tête, auquel sont confrontés beaucoup de citoyens depuis quelque temps, concerne précisément les taxis travaillant à la place. Les usagers les empruntant, habitant entre autres les cités périphériques de Djebel Ouahche, Ziadia et Sidi Mabrouk, font face au refus de beaucoup de chauffeurs d'aller au-delà d'une certaine limite. Pour les premières cités nommées, les clients sont sommés de descendre à l'hôpital, sous prétexte que la circulation, trop dense, est la cause d'un véritable manque à gagner pour les transporteurs. Cependant, cette situation a engendré des réflexes indélicats, comme nous le faisait savoir ce client avec humeur : « Le chauffeur m'a obligé à descendre à proximité de l'hôpital, mais à ma grande surprise, il n'a pas fait demi-tour vers la station de départ, il a pris d'autres clients pour les emmener au centre-ville. Donc, il ne craint ni la police ni la circulation, c'est de la cupidité ! Beaucoup l'ont copieusement insulté après cela. » L'autre prétexte avancé est que la police les empêche de s'arrêter pour déposer le client. Pour les usagers en provenance de Sidi Mabrouk et ses environs, le terminus décrété par les taxis est Bab El Kantara. En gros, c'est le chaos. D'un côté, on empêche les taxis de s'arrêter, même une minute, le temps que le client descende, et de l'autre, on les pénalise s'ils refusent de travailler, selon certains chauffeurs. Les autorités laissent faire, avouant tacitement par là leur impuissance à dégager une solution viable pour tous. Alors vers qui doit se tourner le citoyen, et même le chauffeur de taxi honnête ? (Il en existe tout de même). « Nos élus se fichent éperdument de la population, ils évoluent dans les hautes sphères ; que leur importe le pauvre citoyen lambda ? Il est juste une voix à récolter ! » s'est écriée une dame exaspérée à force d'avoir vainement attendu un taxi. Et c'est le sentiment de la majorité : la population est bel et bien livrée à elle-même.