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La hausse des prix des produits alimentaires inquiète les égyptiens : Les enfants du Nil redoutent les jours à venir
Publié dans El Watan le 30 - 06 - 2008

Qui n'a pas entendu parler de cette femme piétinée et étouffée dans une bousculade près d'une boulangerie subventionnée par l'Etat dans une localité hors du Caire le 9 avril dernier ? Les émeutes provoquées par la crise du pain en Egypte ont marqué plus d'un. L'histoire de cette femme âgée de 43 ans et mère de quatre enfants, baptisée la « martyre du pain », illustre parfaitement l'ampleur de la crise et à tel point le sujet est devenu le leitmotiv de tous les Egyptiens rencontrés lors de notre séjour au Caire.
Elle a d'ailleurs fait le sujet de l'actualité de nombreuses chaînes de télévision occidentales et de journaux. Le témoignage de son mari à la télévision française France 2, à la mi-mai dernier, a laissé comprendre que les jours s'annoncent réellement durs pour cette frange de la société qui ne se nourrit que de pain et de pois chiche. Le menu est presque pareil pour des milliers de personnes qui prennent leur mal en patience en attendant des jours meilleurs. « Faire nourrir ses enfants relève aujourd'hui d'un grand exploit. Avec la hausse des prix de tous les produits alimentaires de base, il nous est difficile d'assurer un minimum pour nos familles. Nous sommes vraiment au bout de l'étranglement. Nous avons peur du lendemain », s'inquiète un taxieur qui appréhende déjà le chômage devant l'augmentation vertigineuse des prix du carburant. Avec ces nouvelles tarifications, nous sommes obligés d'augmenter nous aussi les prix des courses. Ce qui n'est pas du tout évident chez nous. Les gens sont très pauvres. S'ils arrivent à assurer les dix galettes (eich) de la journée, désormais seule nourriture abordable pour des milliers de familles en Egypte, c'est déjà bien. Alors ils seront obligés de recourir aux autobus qui ont, eux aussi, augmenté le prix du ticket, mais cela revient quand même moins cher. Les denrées alimentaires sont devenues un luxe aujourd'hui en Egypte, poursuit le taxieur qui a tenté tant bien que mal de nous convaincre que le prix de la course qu'il nous a proposé est raisonnable. Du centre-ville au quartier Ezamalik, le chauffeur de taxi demande 20 livres égyptiennes (environ 2,5 euros). « Le prix du carburant a beaucoup augmenté », ne cesse-t-il de répéter. Remplir son ventre est devenu pour un Egyptien moyen un grand souci. « Nous travaillons jour et nuit pour pouvoir subvenir aux besoins de nos familles », nous dit Ali, fonctionnaire dans une entreprise publique et chauffeur de taxi après ses heures de travail.
Le malaise est profond
Face à une situation explosive depuis plus de deux mois, le gouvernement égyptien a dû augmenter les subventions accordées aux plus démunis, qui sont passées de 20 milliards de livres égyptiennes (4 milliards de dollars US) à 30 milliards de livres égyptiennes (6 milliards de dollars US). Les subventions du pain sont passées de 9 milliards de livres à 15 milliards de livres égyptiennes. Dans un rapport rendu public en mai dernier par le Programme alimentaire mondial (PAM) sur l'impact de la hausse des prix alimentaires, il est indiqué qu'en Egypte, « la population se nourrit de denrées de moins en moins nutritives, car elle est contrainte de limiter sa consommation de viande, de volaille et de fromage. Les Egyptiens réduisent aussi les dépenses liées à l'éducation et à la santé ». Aujourd'hui, le malaise est très fort, constate une journaliste. Pour elle, la crise du pain n'est que la partie visible de l'iceberg. « Elle reflète une contestation sociale latente », a-t-elle résumé. Dans ces quotidiens difficiles pour ces enfants du Nil qui n'ont que la force des bras et des jambes comme seules ressources, rien n'est désormais facile pour eux. L'accès aux soins et à l'éducation n'est permis qu'aux riches. « Tout est payant », fait-on remarquer. Les centres hospitaliers de l'Etat sont dépourvus de tous les moyens nécessaires pour une prise en charge médicale digne de ce nom. Celui qui veut avoir des soins de qualité n'a qu'à payer s'il a les moyens ou bénéficier d'une prise en charge du ministère de la Solidarité. Chose qui n'est pas toujours à la portée des malades. L'approbation pour bénéficier de soins gratuits pour un simple citoyen ne dépasse pas la somme de 100 livres égyptiennes. « Les cliniques privées américaines et les cabinets médicaux aux multiples spécialités sont réservés aux riches et aux pistonnés », nous a expliqué une journaliste. « Nous prions Dieu pour ne pas tomber malade. Il faut trouver l'argent pour payer le docteur et les médicaments. Si nous arrivons à acheter le pain, c'est… », nous dit notre chauffeur de taxi, avant d'ajouter : « Heureusement que Dieu nous protège de toutes ces fâcheuses maladies. Nous n'avons que lui. » Selon une étude du Centre national des recherches sociales, 75% des Egyptiens atteints de maladies chroniques telles que les cancers, l'insuffisance rénale, les maladies cardiaques, hépatiques n'arrivent pas à se soigner faute de moyens. De nombreux malades ne terminent jamais leurs traitements. Ils les arrêtent en cours de route, soit par manque d'argent ou par difficulté de bénéficier d'une prise en charge. Laquelle n'est délivrée qu'après enquête sur la situation financière du malade qui dure des mois. Le malade a le temps de mourir, selon la même journaliste, en précisant que le taux de mortalité est 25 fois supérieur à la moyenne mondiale. Une journée dans les transports dans cette ville connue pour son taux élevé de pollution et au bruit assourdissant relève d'un calvaire. Les autobus sont archicombles, les passagers se bousculent pour se frayer une place même debout. Les bus qui sont pour la majorité dans un état délabré, ces vieilles voitures noires et blanches sillonnent la ville de jour comme de nuit. Elles sont une source de pollution et elles constituent un danger permanent pour la sécurité routière. D'ailleurs, une expertise de l'organisme comptable égyptien indique que « l'âge limite hypothétique de 68% des autobus des transports publics opérant au Caire a expiré. 540 voitures sont âgées de plus de 17 ans et 105 ne peuvent pas être entretenues. Le manque d'entretien et la surcharge sont des facteurs importants de leur détérioration et de leur état.
Les accidents de la route, première cause de mortalité
Dans des embouteillages infinis, ces bus s'engouffrent dans cette circulation aux multiples files. Pare-choc contre pare-choc, les automobilistes n'arrêtent pas de klaxonner, on ne sait même pas pourquoi. « C'est tout à fait normal ici en Egypte », nous a-t-on dit. Ceci fait partie du décor. Des files interminables se forment, des taxis tentent de se faufiler entre les voitures sans se soucier de les heurter ou pas, ces bus ont du mal à redémarrer et à leur bord des passagers qui n'attendent que le terminus. Sur le grand boulevard Talaat Harb du centre-ville du Caire, il est pratiquement impossible pour un piéton de traverser même sur un passage clouté, à un feu rouge et en présence d'un agent de l'ordre. Les voitures ne s'arrêtent jamais devant les piétons qui traversent malgré les signes faits avec les deux mains. Les automobilistes klaxonnent pour dissuader le passager tout en accélérant. Les plus chanceux arrivent à rejoindre l'autre bout du trottoir pendant les moments d'embouteillage. Les klaxons fusent quand même. D'ailleurs, les accidents de la route ont atteint leur paroxysme. Ils constituent la première cause de mortalité. Selon des études, le bilan enregistré en Egypte en 2007 dépasse 25 fois la moyenne mondiale. Un triste record retenu depuis 1992. L'état des routes, des véhicules et la conduite sont ainsi les trois raisons de ce génocide. Pour l'année 2007, 17 000 accidents de la route ont été enregistrés et ont fait 27 000 victimes et causé 6000 décès, selon un bilan officiel. D'autres sources avancent le chiffre de 245 000 victimes contre 73 000 morts en 2006, soit 200 par jour. Un triste record qui affecte lourdement les ressources économiques de ce pays. En termes de prise en charge médicale, ces accidentés de la route n'ont toujours pas la chance de s'en sortir. Comme cela a été le cas pour « la martyre du pain », transportée par sa voisine sur une moto-taxi dans un l'hôpital où il n'y avait pas de médecin. Son transfert dans un autre hôpital, deux heures après, n'a pas été d'un grand secours pour la vie de cette femme.


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