Les 52 000 habitants de 11 villes dans le nord de l'Italie se sont réveillés hier en quarantaine, avec interdiction d'entrer et sortir de leur zone, après une brusque multiplication des cas de nouveau coronavirus et les deux premiers décès d'Européens sur le continent. Le gouvernement a adopté, samedi soir, un décret-loi très strict, qui met à l'isolement 11 villes, 10 en Lombardie (région de Milan, nord-ouest) et 1 près de Padoue en Vénétie (région de Venise, nord-est). «Ni l'entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière», a annoncé le Premier ministre, Giuseppe Conte, précisant qu'environ 52 000 personnes sont concernées. Le principal foyer de ce qui pourrait être une épidémie autochtone de Covid-19 en Europe, inédite à cette échelle, se trouve autour de Codogno, une localité de 15 000 habitants, dont beaucoup travaillent aux alentours ou à Milan, à 60 km de là. Tout en appelant la population à observer une sorte d'auto-quarantaine, le gouvernement a prévu des sanctions allant jusqu'à trois mois de réclusion en cas d'infraction à ces limitations. Le chef de la Protection civile, Angelo Borrelli, a annoncé un nouveau décompte des cas de contamination : 132 dans toute l'Italie, dont les deux personnes décédées entre vendredi et samedi, et trois cas à Rome, mais pour lesquels la maladie a été contractée hors d'Italie. Le gouvernement a pris les mesures de confinement afin de tenter de mettre sous cloche une partie de la Lombardie et de la Vénétie pour freiner l'épidémie. Trois matchs de championnat de Serie A prévus hier ont été reportés. Les universités de ces deux grandes régions seront aussi fermées par précaution. A Codogno et neuf localités voisines, tous les lieux publics (bars, mairies, bibliothèques, écoles), sauf les pharmacies, sont fermés depuis vendredi soir. Les trains de la société privée Trenord ne s'arrêtent plus à Codogno ni dans deux villes voisines. Beaucoup de résidents travaillent dans la métropole de Milan, capitale économique italienne. Des panneaux lumineux annoncent : «Coronavirus, la population est invitée à rester chez elle, par mesure de précaution.» L'autre zone de contamination est Vo' Euganeo, où a été annoncé vendredi le tout premier décès d'un Européen victime du virus, un maçon italien de 78 ans, nommé Adriano Trevisan. Une femme du même âge est morte près de Codogno la nuit suivante. En Vénétie, sous le choc d'avoir enregistré le premier mort italien, les autorités ont soumis à des tests des ressortissants chinois qui fréquentaient le même bar de Vo' Euganeo que le maçon décédé.