De notre correspondante à Rome, Aïcha Abdesslem Après le décès de deux malades atteints du coronavirus et la découverte d'une trentaine de cas positifs, en Lombardie, en Vénétie et dans le Latium, les autorités italiennes ont haussé le seuil de vigilance et intensifié les mesures de prévention par crainte de nouvelles contagions. Une dizaine de communes mises en quarantaine, écoles, commerces, gares et restaurants fermés. Des maires qui demandent à 50 000 habitants de rester chez eux. Les compétitions sportives (matchs du tournoi de football amateur et ceux de volley-ball) annulées. Un scénario de film d'horreur s'est installé autour de la petite localité de Codogno (Lombardie) où une vingtaine de cas de coronavirus positifs ont été certifiés par les autorités sanitaires. Fait inédit, la personne qui aurait infecté 15 personnes (dont 5 médecins), un Italien de 38 ans, n'a jamais mis les pieds en Chine. Il aurait été contaminé par un ami entrepreneur de retour du pays asiatique avec qui il a partagé un dîner. Mais c'est seulement une hypothèse, car le contact avec ce voyageur a eu lieu une vingtaine de jours avant que les symptômes de la maladie ne se manifestent. Les spécialistes ont jusque-là limité à 15 jours seulement la période d'incubation du virus redouté. L'hôpital de Codogno où le patient, sa femme et 13 patients ont été hospitalisés, a fermé ses portes au public et le personnel médical interne soumis à la quarantaine. Par la suite, une partie des personnes atteintes a été transférée à Milan pour recevoir les soins appropriés, cinq d'entre elles se trouvant dans un état jugé grave. La ville de Codogno est désormais déserte, telle une localité fantôme d'un film surréaliste. Même sort pour la petite commune de Vo' Euganeo, près de Padoue (Vénétie) où un patient positif au coronavirus est mort. Ecoles et commerces fermés et toutes manifestations culturelles ou sportives suspendues. D'autres villes où les personnes porteuses du virus ont transité, comme Piacenza, Crémone et Lodi, sont également en quarantaine. A Lodi, les trains ne s'arrêtent plus par peur de la propagation du virus. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, l'identification de deux premiers cas positifs au test du coronavirus dans la région de la Vénétie est venue augmenter l'angoisse des habitants de la zone. Dans ce cas également, les malades infectés n'ont pas voyagé en Chine. Mais c'est le décès de deux patients, un Italien âgé en Vénétie et une femme en Lombardie, qui ont plongé le pays dans une peur tangible de diffusion plus importante du coronavirus. Ces contaminations jettent un grand trouble, y compris parmi les experts en infectiologie, car elles suscitent de nombreuses interrogations et remettent en question l'hypothèse qui voulait que seuls les voyageurs ayant transité par la Chine pouvaient être des acteurs de contagion. Pourtant, l'Italie a été le premier pays à bloquer les vols en provenance et en destination de la Chine, suscitant d'ailleurs l'irritation de Pékin. Tout comme des mesures drastiques avaient accompagné le rapatriement d'une cinquantaine de citoyens italiens résidant dans la ville de Wuhan, qui furent isolés durant deux semaines dans une caserne et soumis à plusieurs tests de dépistage à leur retour de Chine. Mêmes procédures drastiques ont été suivies pour les passagers italiens transférés, hier, du bateau de croisière Diamond Princess mis en quarantaine au Japon, et qui ont atterri hier à l'aéroport militaire de Pratica di Mare, près de Rome. A. A.