En marge d'une conférence presse organisé hier à la Cinémathèque d'Alger, l'Association des producteurs algériens de cinéma (APAC) se sont rassemblés afin de débattre de la relance du cinéma algérien. En effet, l'APAC a proposé un plan d'action axé sur différents mécanismes, mesures et propositions de réglementations en faveur de l'amélioration des conditions des différents métiers du cinéma, mais aussi pour développer de manière générale le secteur du cinéma en Algérie. «Notre existence en tant que professionnels est en péril, nous demandons à tous les composants de la production cinématographique, y compris les comédiens, de s'organiser. C'est ce manque d'organisation qui a fait que notre secteur est devenu pollué. Il faut de l'ordre», atteste Belkacem Hadjadj, le président de l'APAC. Afin de contrer ce manque d'organisation, le président de l'APAC souligne que le besoin premier consiste en une «liberté de création» afin de garantir le développement de l'industrie cinématographique. Sur le plan du financement, il y a un réel problème, car il y a toujours cette dépendance de l'Etat. Alors que sans cet assistanat, le dynamisme du cinéma algérien aurait pu générer de l'argent. M. Belkacem insiste sur le fait que le financement algérien, connu sous le nom de FDATIC, doit être révisé complètement, que ce soit au niveau de son fonctionnement, de son alimentation financière, ainsi que sur le plan de l'organisation des conditions de choix, et ce, avec une réelle transparence. Il propose également une mise en place de fonds régionaux de financement à travers les 48 wilayas en créant quatre fonds régionaux dans les quatre points cardinaux. De plus, il ajoute qu'il est important de sensibiliser les opérateurs économiques, tels que Sonelgaz, mais aussi les banques afin d'accompagner la production cinématographique. Toutefois, à côté de cela, il y a tout un aspect de mesures administratives et fiscales auxquelles il faut penser. «En développant l'art cinématographique, on permet à la société d'exister. Mais le cinéma, c'est quoi ? En définitive, c'est un miroir qui permet à la société de voir ses défauts et ses complexes pour qu'elle s'accepte en tant que telle. Il faut le laisser jouer ce rôle. Il faut qu'on produise nos images avec intelligence et une maîtrise des paramètres de fonctionnement du cinéma qui fait que nous séduirons notre public afin qu'il puisse se reconnaître dans nos films», ajoute le président de l'APAC. Ecole de formation Pour la réconciliation du cinéma avec la société algérienne, les membres de l'association considèrent que cela commence à l'école. En effet, Djaafer Gacem, un des membres de l'association qui présidait la conférence de presse, nous éclaire sur le fait que la difficulté de produire des films ne vient pas uniquement des moyens financiers, mais aussi des écoles de formation qui font défaut. Autrement dit, réintroduire le cinéma comme étant un complément pédagogique dans les écoles. Il faut savoir qu'un film se fait avec une idée, un scénario, une équipe technique et des comédiens. Mais où sont réellement les techniciens, les ingénieurs du son et les réalisateurs ? Djaafer Gacem, ainsi que les autres membres de l'association, nous proposent donc de suivre le plan Marshall qui est celui de former des techniciens, qui plus tard pourront à leur tour former les futurs élèves. Par conséquent, penser à une vraie école de cinéma qui pourra faire sortir des chefs maquilleurs, des monteurs et des cadreurs, chose qui manque cruellement. «Il faut également intégrer dans le cursus scolaire l'histoire de l'art, le cinéma et le théâtre pour avoir des futurs techniciens, réalisateurs, etc.», déclare Djaafer Gacem, producteur. Situation des salles Pendant la conférence de presse, la situation des salles de cinéma en Algérie a été abordée. C'est d'ailleurs au producteur Lotfi Bouchouchi à qui est revenu le soin d'éclaircir ce point. Personne ne s'en cache, nous savons tous que les salles appartiennent soit à l'Etat, soit aux APC ou à certains privés. Pour régler ce problème, il faut avant tout savoir comment se réapproprier ces salles-là. Une question longuement relevée ces dernières années, mais qui converge vers des décisions unilatérales qui n'ont jamais abouti. «Aujourd'hui, il faut trouver d'abord une entente avec les professionnels. Par la suite, il faut réapprendre la culture et réhabituer les gens au cinéma, car ils ont déserté les salles. Un travail qui commence à l'école. C'est aussi remettre une réglementation et des lois pour récupérer les salles», précise Lotfi Bouchouchi. En ce qui concerne la promotion des films, Lotfi indique que «nous en avons besoin, car c'est ce qui poussera les gens à nenouer avec les salles obscures.» Il termine en ajoutant : «Si on veut une relance du cinéma, c'est une volonté politique qu'il faut d'abord. Cela ne relève pas uniquement du ministère de la Culture, mais de tout le gouvernement algérien afin de laisser le cinéma vivre de lui-même pour qu'il devienne une économie et qu'il puisse même s'autofinancer.» Se basant sur la loi 11-03 du cinéma, Yasmine Chouikh, réalisatrice, présente également à la conférence, explique qu'il faut modifier et améliorer cette loi dans le but d'avoir une véritable production cinématographique. «Chacun de nous doit contribuer à améliorer la loi afin d'ouvrir un peu plus sur la production et la distribution des films. Mais aussi sur les droits des techniciens, et ce, grâce à l'expérience vécue», explique-t-elle.