A Rio de Janeiro, le maillot de bain féminin est autant une industrie florissante et un domaine artistique qu'un vêtement identitaire. Mais que se cache-t-il sous ces maillots si sexy ? Ipanéma, Rio. A quelques dizaines de mètres derrière la plage la plus branchée de Rio, le quartier proprement dit. Et ses boutiques d'art, de produits bio, centres de fitness ou de remodelage esthétique. Le consumérisme chic avec ses magasins de maillots de bain, exposés dans des vitrines brillantes et fines, comme de véritables oeuvres d'art. Les prix varient selon leur créateur et la mode, qui brasse au Brésil 130 milliards de dollars de marché et qui fluctue aussi vite dans la capitale culturelle brésilienne que la popularité d'un gouverneur ou d'un club de football. Demandez à n'importe qui de vous parler du Brésil, il vous donnera immanquablement cette image de filles bien bronzées se dandinant en string sur de belles plages de sable fin. A elle seule, l'industrie du maillot de bain brésilien pèse près d'un milliard et demi de dollars, chaque année. Que le Brésil gagne ou perde la Coupe du monde, il s'écoule 300 millions de maillots de bain, dans le pays et à l'export. Si les hommes portent des maillots quelconques sur les plages de Rio, le maillot féminin est une pièce identitaire. Une centaine de fabricants sont présents au Brésil et à Rio, on ne compte plus les magasins qui en vendent, dans des magasins ou directement sur les plages, où les femmes rivalisent d'audace, de sensualité et de chic. Mais attention, même si les formes sont minimalistes, sur les plages de Rio, le topless (monokini), c'est-à-dire avec une culotte de bain mais les seins nus, est strictement interdit, ce qui est paradoxal dans un pays où le culte du corps est si important. La vieille morale chrétienne veille encore, string peut-être mais pas de seins nus. Le string, encore et toujours Disparu, réapparu, menacé par d'autres formes nouvelles, le string (la ficelle en anglais) reste l'invention la plus étrange, la plus osée et la plus détestée des conservateurs dans le domaine de la mode féminine. Même si contrairement à la légende, toutes les Brésiliennes de Copacabana, d'Ipanéma ou d'Arpoador n'en portent pas forcément. Ce bout de tissu microscopique, qui a succédé des milliers d'années plus tard à la feuille de vigne d'Eve, a été créé dans les années 70, a eu un succès immédiat et déferlé dans le monde (libre) à la vitesse d'une vague marine, transformant le Brésil en une destination touristique très attractive. Authentiquement brésilien, le fio dental de son vrai nom (fil dentaire en brésilien), s'est largement inspiré des Indiens Yanomani de la forêt d'Amazonie, qui portaient (et portent toujours) ce type de vêtement, les hommes comme les femmes, pour nager ou pour marcher. Sauf que les créateurs de maillots de bain féminins ne se sont pas arrêtés au string et chaque jour, ils rivalisent d'inventivité pour habiller (ou déshabiller) les Brésiliennes et les femmes du monde entier. Pour ces créateurs de minimalisme étanche à base incontournable de lycra, tissu synthétique donc, la particularité est d'être élastique et de sécher aussi vite qu'un budget algérien, tout est dans la forme et les courbes, sans oublier la fonctionnalité et le côté pratique. Ce n'est sûrement pas par hasard que Lenny Niemeyer, la plus célèbre (et la plus riche) créatrice de maillots de bain de Rio, a d'abord fait des études d'architecture. Son nom vous dit quelque chose ? C'est en effet la nièce de Oscar Niemeyer, le célèbre architecte qui a construit tant d'édifices à Alger. Mais qui n'a pas réussi à y semer cet amour des jolis maillots de bains sur les corps des jolies femmes. Lexique Bikini : maillot deux-pièces tenu par des simples nœuds, inventé en Amérique au moment de l'essai nucléaire fait sur l'atoll de Bikini, et qui a donné son nom à cette tenue de plage très légère, audacieuse pour l'époque. Il existe maintenant le micro-bikini, le même en plus court. Trikini : trois pièces, dont le nom est tiré du bikini. Les deux-pièces plus une troisième, une petite jupe enroulée autour de la taille. Fio dental : le string (ficelle), fil dentaire en brésilien, où tout se voit, sauf l'essentiel. Burqini : maillot conforme à la loi musulmane, où pas grand-chose ne se voit, à part l'infinie pudeur de celle qui le porte.