Des travaux de recherche visant 62 anciennes palmeraies des 6 communes de la région de Ouargla dans le but d'en estimer la richesse de la biodiversité phoénicicole et de constater sa contribution à la durabilité des systèmes ont permis de démontrer que la zone de Ngoussa, 30 km au nord de Ouargla, détenait le taux de biodiversité variétal le plus important de la région, à savoir 70,91%. Elle a également mis au jour l'existence de multiples variétés de dattes dites Dgouls ayant une importance nutritionnelle malgré leur faible valeur marchande. Face à la domination de Deglet Nour, imposant une monoculture qui met en péril la durabilité même des palmeraies, car constituant l'antithèse de l'agriculture saharienne de terroir fondée sur la biodiversité, le Pr Idder Ighili Hakima rappelle justement que la variété Takerboucht est la seule résistante au fléau du Bayoud et que personne n'a encore découvert. Vieillissement Un de ses premiers constats fut d'établir que 70% des palmiers de Ouargla ont un âge supérieur à 50 ans, avec une richesse variétale de 55 cultivars dont 22 rares. Les travaux d'inventaire de cultivars, réalisés dans une quinzaine de régions algériennes, ont montré que les palmeraies présentent une importante diversité, puisque 940 cultivars ont été recensés en 1998, dont 270 dans la seule région Sud-Ouest en 1989. L'étude a en outre permis de recenser une collection de francs (arbre issu de semis et qui n'a donc pas les mêmes caractéristiques qu'un arbre greffé) dans des palmeraies traditionnelles. Certains d'entre eux font l'objet d'une attention particulière de la part des agriculteurs qui les multiplient par voie végétative. L'objectif étant d'estimer la richesse de la biodiversité phoénicicole actuelle de la région de Ouargla et de préconiser des actions de préservation de l'écosystème palmeraie de toute action provoquant son déséquilibre via la connaissance de sa dynamique et la gestion de son développement. Biodiversité contre monoculture Le Pr Idder constate amèrement que les études menées sur les oasis de Ouargla ont toutes montré au moins un point en commun, à savoir la fragilité des palmeraies qui recèlent pourtant une large gamme faunistique et floristique très diversifiée en espèces, et à la fois pauvre en nombre, une disparition de certains cultivars de dattes et une tendance à la monoculture. Des investigations plus poussées sont nécessaires pour la protection et la préservation des écosystèmes palmeraies et leur réhabilitation dans le but de leur durabilité. A rappeler que le potentiel phoenicicole actuel de la wilaya de Ouargla compte plus de 2 399 145 pieds et s'étend sur une superficie de plus de 24 110 ha, dont 1 906 892 pieds produisant plus d'un million de quintaux par an. Cette richesse variétale est toutefois sujette à une érosion suite à différents facteurs : dégradation progressive de la palmeraie traditionnelle, vieillissement des palmeraies, déficit hydrique, exode rural et orientation vers la culture monovariétale. Des prospections ont permis de recenser et d'échantillonner 90 cultivars, mais plus de la moitié est menacée de disparition car 90% des cultivars rares sont composés d'individus âgés, d'où l'urgence d'agir.