Ils étaient nombreux à se déplacer en force pour assister au concert de la chanteuse libanaise, Majda Roumi. Un déplacement qui en valait la chandelle. Prévu pour 22 heures, le concert n'a finalement débuté qu'aux alentours de 23h30, à cause d'un problème de délestage. Si le public, confortablement assis au niveau de l'espace réservé aux VIP attendait le début du concert sereinement, il n'en était pas de même pour le reste des spectateurs. En effet, du haut des gradins du Théâtre de verdure du Casif, des jeunes sifflotaient et tapaient des mains en signe de protestation. Après moult essais d'éclairage, un animateur envahit la petite scène. Micro à la main, il se lancera dans un discours élogieux sur l'artiste des plus barbants. Encore une fois, le public a exprimé son mécontentement en scandant des cris hostiles. Nullement perturbé, l'animateur continuera tout de même sa lecture des plus ennuyeuses avant de laisser sa place à l'imposant orchestre libanais. Après quelques remarquables notes égrenées, la diva de la chanson libanaise, Majda Roumi, fait son apparition sous un tonnerre d'applaudissements et de youyous. Avec toute la grâce qu'on lui connaît et reconnaît depuis des lustres, Majda Roumi fait une entrée des plus majestueuses. Avançant timidement au devant de la scène, elle salue son public avec humilité. Habillée d'une robe de soirée blanche, rehaussée d'une liquette longue en dentelle noire, ses gestes sont gracieux et mesurés. Elle salue son public de la tête, avant de donner le la au chef d'orchestre, Elie El Alia. « Je suis heureuse, dira-t-elle, d'être ici en Algérie en compagnie de mon orchestre. Je vous salue, glorieux peuple algérien. Une terre qui compte un million et demi de martyrs. Nous sommes heureux de vous savoir bien. Ce soir, il ne s'agit pas d'un concert, mais d'une fête d'amour. J'espère que vous passez une bonne soirée en notre compagnie. » Cette simple déclaration, lourde de sens, suscitera des répliques bruyantes du public. Durant deux heures de concert, d'actes sans entractes, la chanteuse réservera aux présents un panorama de ses trente années de carrière. Un panorama où est largement défini son parti artistique. Sa mission essentielle sur terre est la chanson. Elle a, en effet, choisi depuis longtemps de chanter pour l'amour, la joie et toutes les bonnes choses positives pouvant aider les gens à mieux vivre. Elle n'occulte pas le contexte difficile de son pays, le Liban. Le refus de la guerre et des conflits passe pour elle par la chanson. Ghoulou limadha, Kalimett, Rami Yasalouni El Ness, Ghani ouhibek, La touli Methabinich, Ouhibouka djiden, Ghani Ghani, Aynanka sayfiya, Anta mallek albi, Ma hada yarbi matrahek fi kalbi Yasmarouni, Ghidni habibi mâak, sont, entre autres, les standards merveilleusement interprétés par l'artiste. Des chansons faites de rythmes soutenus et de mots puissants, coulant d'une simplicité que seuls les esthètes savent atteindre. Maîtrisant le jeu de scène avec professionnalisme, la chanteuse libanaise détient un charme et une grâce, déployés dans chaque mouvement de bras, dans chaque petit pas de danse esquissé. Chapeau bas pour la trentaine d'instrumentistes qui se confondent avec leurs instruments dans la manière de jouer et les sons qui s'en dégagent. La soirée s'est clôturée avec une surprise de taille sous forme d'hommage à deux figures de proue de la chanson algérienne. Il aura suffi que quelques notes musicales se fassent entendre pour que tout le monde reconnaisse l'incontournable chanson du regretté El Hachemi Guerrouabi, Allo, allo wahdani gharib. D'une voix cristalline, la chanteuse reprend, sans fausse note, cette chanson mythique, avec en prime le drapeau algérien entre les mains. Suivra une deuxième chanson, exhumée du patrimoine ancestral Ana El Lwiya de Naïma El Djazaïria. En parfaite communion avec le public, Majda Roumi chantait simultanément ou encore amorçait des couplets avec ses fans. A la demande du public, Madja Roumi réinterprétera la chanson Allo, Allo avec enthousiasme et fierté. Il est à noter que l'artiste prépare actuellement un album dont la sortie est prévue pour fin 2010 début 2011. Un album qu'elle considère comme le meilleur de sa carrière. Nul doute que ce prochain album conquerra ses fans autant que cette soirée féerique qu'elle a offert au public algérois.