La communauté internationale, réunie hier à Kaboul, a apporté son soutien au projet du président afghan, Hamid Karzaï, d'assurer avec ses propres forces la sécurité du pays d'ici à la fin 2014, ainsi qu'à sa politique de main tendue aux talibans. Les représentants de plus de 70 pays donateurs et organisations internationales ont également appuyé le principe d'un contrôle accru du gouvernement afghan sur des milliards de dollars d'aide internationale — plus de 50% — en dépit des accusations de corruption au sein de son administration. « La communauté internationale exprime son soutien à l'objectif du président d'Afghanistan selon lequel les forces armées nationales afghanes doivent mener et conduire les opérations militaires dans toutes les provinces d'ici la fin 2014 », indiquent les participants dans leur communiqué final. L'objectif est ambitieux, la rébellion menée par les talibans ayant gagné du terrain ces dernières années, alors même que les forces afghanes sont appuyées par plus de 100.000 militaires étrangers, aux deux tiers américains. Au cours de la conférence, M. Karzaï s'est dit « déterminé » à respecter ce délai. Il a également souhaité « au cours des prochains mois » un « accord sur les modalités de cette transition » avec ses alliés de la force internationale. Le document ne précise pas en revanche si un retrait des troupes étrangères est prévu en 2014. Le président américain, Barack Obama, avait fixé à juillet 2011 le début du retrait des troupes américaines d'Afghanistan. De son côté, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé que des militaires étrangers resteraient après la période de transition pour assurer un « rôle en soutien » des forces afghanes de sécurité. La guerre en Afghanistan est de plus en plus impopulaire dans les opinions publiques occidentales, après près de neuf ans de combats et alors que les troupes de la coalition enregistrent des pertes sans précédent. Le défi sécuritaire Parallèlement, la conférence a entériné son soutien au dernier programme de paix lancé au printemps par le chef de l'Etat afghan. Ce dispositif qui vise les rebelles de rang inférieur, qui combattraient pour l'argent et non par idéologie, est l'un des points- clés de la stratégie de sortie de conflit du gouvernement afghan et de ses alliés internationaux. L'idée n'est pas nouvelle : une amnistie contre reddition avait été proposée dès 2005 par Hamid Karzaï aux rebelles prêts à renoncer à la violence. Sans grand succès, les rebelles ayant toujours refusé jusqu'ici de rendre les armes tant que les troupes internationales n'auront pas quitté le pays. L'Administration américaine avait évoqué dès juin l'idée d'une enveloppe de 200 millions de dollars pour financer ce programme. Autre principe adopté par la conférence : « au moins 50% » de l'aide internationale au développement accordée à l'Afghanistan devra passer par le budget du gouvernement afghan d'ici deux ans, selon le communiqué final. Kaboul demandait depuis longtemps un plus grand contrôle des dépenses de ces milliards de dollars, estimant que trop d'argent est dépensé directement, et au moins en partie gâché, par les donateurs internationaux. Depuis le début de l'intervention militaire internationale à la fin 2001, seuls 20% des quelque 40 milliards de dollars d'aide promise sont passés par les canaux gouvernementaux, souvent accusés d'être gangrenés par la corruption. Décrite comme la plus grande rencontre internationale jamais organisée à Kaboul, la conférence était entourée de strictes mesures de sécurité. Des roquettes ont cependant été tirées dans la nuit de lundi à hier à plusieurs kilomètres du lieu de la conférence, sans faire de victimes, selon le ministère afghan de l'Intérieur. Des insurgés qui préparaient des attaques à Kaboul ont été tués et deux ont été arrêtés. Agences, H. M.