Un Amazigh Kateb des grands jours C'est un Amazigh Kateb des grands jours qui a pris possession, dans la soirée de lundi, de la scène montée au pied d'un coteau à Djoua, à plus de 800 m d'altitude, dans un décor de montagnes. Un régal offert par l'association pour la protection du patrimoine et le développement du tourisme, organisatrice du festival. Une folle soirée gnawie à grands décibels devant quelques milliers de spectateurs et de fans, debout sur un coteau, complètement acquis au style qui secoue de l'artiste. Comme entrée en matière, le fils rend hommage au père. Amazigh interprétera Bonjour, un poème de son père, l'illustre écrivain auteur de Nedjma, Kateb Yacine, qu'il a mis en musique. Il puisera dans son dernier album solo Marchez noir, sorti en octobre 2009, pour gratifier, d'un chapelet de titres, son public qui reprendra en chœur Kan ya makane, avant de se laisser emporter par les airs de Mociba, un titre puisé dans le registre de la chanson engagée. Des milliers de voix se feront complices de la fièvre Amazigh, en reprenant comme un écho le refrain revendicatif « Dzaïer fenhar telbas laâdjar, dzaïyer felil tkhawef » (L'Algérie se voile le jour et fait peur la nuit). Mi-plaisantin, mi-moqueur, Amazigh, dans un accent d'arabe classique plutôt maniéré, présentera sa musique comme une « oughnia min enawâ el moutawahich » (chanson de style sauvage). Si Dounya dounya est « moutawahicha », alors le public aime bien ça. On se déhanche comme on peut. Et les sonorités du guembri, sur lequel gratte Amazigh, donnent au jeune public, garçons et filles, un motif supplémentaire de se balancer comme des fous. Certains sont en transe. Le dispositif de vigilance se fait vite déborder au milieu de la soirée. Un fan dégringole vers la scène, se trémoussant. Un « vigilant » se jette carrément sur lui, le neutralisant. Le rythme de Fouqara (pauvres), chantée aux sonorités de karkabou, semble lui avoir donné une inspiration subite, une émotion de plus. Ifriqya sera un hymne pour l'africanité, l'Algérie ya yemma dédiée à l'équipe nationale, I wanna tcheefly, nrouhou l'jamaïca et bien d'autres mots simples que seul Amazigh Kateb sait chanter dans un registre métissé où se côtoient le karkabou et le skratch, le guembri et la basse. Dans le même album, Marchez noir, Ma tribu invitera le public à un grand moment de silence. « Je la dédie à tous les jeunes qui sont morts dans cette région et dans d'autres pour que nous puissions vivre aujourd'hui une meilleure vie, mais comme celle que nous vivons ce qui n'est pas encore le cas », lance Amazigh qui tiendra le pari de faire vibrer Djoua et de lui offrir plein d'émotions jusqu'à minuit passé.