Pour cause, les Etats-Unis et leur allié sud-coréen prévoient d'effectuer à partir d'aujourd'hui des manœuvres militaires à grande échelle en mer du Japon. Des manœuvres reçues comme une « provocation », voire comme une déclaration de guerre, pour Pyongyang, déterminé à opposer « une puissante dissuasion nucléaire ». C'est du moins le message fort de l'alerte rouge relayée hier par la très officielle agences KCNA, citant la Commission de la défense nationale nord-coréenne. « Toutes ces manœuvres guerrières ne sont rien d'autre que de pures provocations destinées à étouffer quasiment la République populaire démocratique de Corée par la force des armes », souligne KCNA. Et de menacer que « l'armée et le peuple de la RPDC vont s'opposer d'une manière légitime avec leur puissante dissuasion nucléaire aux exercices de guerre nucléaire les plus importants jamais organisés par les Etats-Unis et les forces de la marionnette sud-coréenne ». Il y a assurément de quoi se tenir le ventre, surtout quand ce genre de menace émane de dirigeants d'un régime aussi fermé que celui de la Corée du Nord. Déjà sous embargo depuis 2006, Kim Jong qui a déjà mis son peuple à la marge du monde, pourrait en effet être tenté de se jeter dans la gueule du loup en envoyant l'étincelle aux Etats-Unis qui ne se feront pas prier pour irradier la péninsule. Mais hier, les Etats-Unis préféraient jouer calme. Pour l'instant. « Nous ne sommes pas intéressés par une guerre des mots avec la Corée du Nord », a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain, Philip Crowley. Le responsable américain conseille tout de même à la Corée du Nord, « plus d'actes constructifs et moins de langage provocateur ». Cela étant dit, et en attendant de connaître la réaction sur le terrain des opérations, il convient de souligner que ces manœuvres américano-sud-coréennes constituent une pression sur Pyongyang que Séoul accuse d'avoir provoqué le naufrage de sa corvette Cheonan en mars dernier. Washington, qui voulait depuis longtemps « corriger » le régime stalinien de Pyongyang, a jugé utile de prendre prétexte de cet acte de « piraterie » pour fixer la ligne rouge au régime de même couleur. Mais cette démonstration de force ne fait pas peur à la Corée du Nord qui a brandi hier le carton rouge. Piège nucléaire en haute mer ? Vendredi déjà, Pyongyang a menacé les Etats-Unis d'une « réponse physique » aux représailles annoncées par les Etats-Unis. Ces passes d'armes ont dominé la réunion du Forum régional sur la sécurité à laquelle ont participé vendredi à Hanoï la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, et le ministre nord-coréen des Affaires étrangères, Pak Ui-Chun. Les tensions se sont accrues dans la péninsule coréenne depuis le naufrage, le 26 mars, du Cheonan, dans lequel 46 marins sud-coréens ont péri près de la ligne de démarcation intercoréenne en mer Jaune. Washington et Séoul, s'appuyant sur les conclusions d'une enquête internationale, accusent le régime communiste de Pyongyang d'être responsable du naufrage. La Corée du Nord, soutenue par Pékin, nie avoir coulé le navire. Le 9 juillet, le Conseil de sécurité des Nations unies avait condamné l'attaque, tout en se gardant de pointer du doigt un pays en particulier. Mais les manœuvres qui commencent aujourd'hui et qui dureront jusqu'au 28 de ce mois s'apparentent à une démonstration de force de nature à froisser l'ego du régime nord-coréen. Pour cause, 8000 marins américains et sud-coréens, une vingtaine de navires et sous-marins, dont le porte-avions George Washington, ainsi qu'environ 200 avions, dont le chasseur américain F-22, vont se donner en spectacle. Et cela ne devrait forcément pas plaire, vu du Nord. En tout cas, la « guerre des mots » sortie de la bouche d'un régime aussi anachronique et qui plus est, manipule des armes nucléaires, est à prendre très au sérieux.