Installé à Tamanrasset le 21 avril dernier, le comité d'état-major opérationnel conjoint entre l'Algérie, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Burkina Faso n'arrive toujours pas à sortir de son cadre formel. La décision de faire appel à l'armée française pour mener un raid contre un groupe d'Al Qaîda sur le territoire malien démontre, si besoin est, que cet état-major est encore loin des missions qu'il s'est assigné. En effet, ce comité avait pour objectif de servir d'outil de renforcement des relations de coopération militaire et sécuritaire entre ces pays et ce, en exécution des décisions arrêtées conjointement par les chefs d'état-major des forces armées, lors de la réunion tenue les 12 et 13 août 2009 à Tamanrasset. Et réaffirmées à l'occasion de la réunion de leurs ministres des Affaires étrangères, le 16 mars 2010 à Alger. Le but est de renforcer la lutte commune contre le terrorisme, la contrebande et les réseaux de narcotrafiquants. Il s'agit en fait de multiplier la coopération militaire et sécuritaire dans le cadre de la lutte commune contre la criminalité et le terrorisme dans les bandes frontalières, en raison des activités inquiétantes de groupes terroristes qui s'adonnent au trafic d'armes et de drogue et à l'enlèvement d'étrangers. A ce titre, un comité d'état-major chargé de coordonner cette lutte a été mis en place, après bien sûr plusieurs réunions, d'abord des chefs des services de renseignement, puis des responsables de la lutte antiterroriste et des chefs des états-majors des armées de chacun des pays, notamment de l'Algérie, du Niger, du Mali et de Mauritanie. Sa mission principale est de superviser la coordination du renseignement et des opérations militaires pour tout ce qui a trait à la lutte antiterroriste et à la gestion des opérations et éventuelles missions militaires contre l'organisation Al Qaîda au Maghreb islamique. Des missions ont été affectées à chacun des pays. Ainsi, l'Algérie se charge des forces aériennes, le Mali des forces terrestres, la Mauritanie des transmissions, le Niger de la logistique, alors que le Burkina Faso a un rôle d'observateur. Chacun de ces pays était représenté par un militaire de haut niveau. Néanmoins, sur le terrain, ce comité est resté totalement absent, pour ne pas dire ignoré. Ses activités sont devenues protocolaires du fait, nous dit-on, de problèmes liés à une mésentente sur les prérogatives des uns et des autres. Certains pensent que c'est à l'armée de mener la lutte antiterroriste, d'autres voient plutôt les patrons des services de renseignement plus habilités. Ce qui a quelque part bloqué la démarche. Est-ce cette situation qui a poussé la Mauritanie a faire appel à la France pour débusquer un groupe de terroristes en territoire malien ? On n'en sait rien. Ce qui est certain, c'est que cette opération montre que les Etats de la région n'arrivent toujours pas à s'entendre sur les problèmes qui minent leurs relations et qui compromettent l'avenir de leurs populations. Il est clair qu'aujourd'hui, une remise en cause est à faire afin de remettre sur les rails ce comité et faire en sorte qu'il joue pleinement son rôle. La sécurité de la région doit revenir exclusivement aux Etats qui la composent et non pas à ceux qui convoitent ses richesses.