Le gouvernement français commence petit à petit à évoquer l'idée du déconfinement. Néanmoins, il n'a pas présenté de stratégie claire et globale à même de satisfaire les scientifiques. Quelques scénarios. Samedi dernier, le Premier ministre français avait évoqué pour la première fois depuis le début de l'épidémie du corona, l'idée du déconfinement. Edouard Philippe a esquissé une stratégie de sortie de pandémie, mais sans que celle-ci soit claire et comprise par tout le monde. Les scientifiques en premier. Ils craignent que le scénario de déconfinement, s'il est mal ficelé, ne débouche sur une nouvelle vague de contamination. Pourtant, le pays ne pourra pas attendre que l'épidémie ait totalement disparu pour recommencer à fonctionner. Autrement dit, le Covid-19 sera encore présent lorsque l'ensemble des Français commenceront à sortir et à retourner au travail. Pour Samuel Alizon, chercheur au laboratoire de maladies infectieuses, le déconfinement doit se faire de manière progressive pour étaler au maximum la propagation du Covid-19. «La priorité est de savoir quelle partie de la population est protégée et peut se confronter au virus», juge ce chercheur qui ajoute : «Chez ceux qui ont été déjà infectés, il y a très peu de risques de nouvelle contamination». Comprendre donc que les personnes guéries ducoronavirus seront probablement les premières à retourner au travail. Par ailleurs, le gouvernement français compte sur une autre «arme» : la réalisation de tests sérologiques de grande ampleur, par villes ou par régions. Actuellement, près de 100 000 tests sont effectués chaque semaine, et le ministère de la Santé prévoit de les augmenter à 500.000 hebdomadairement. Ces tests permettent de détecter l'existence d'anticorps chez les gens et de déterminer, chemin faisant, quelles sont les populations devant continuer à se protéger et celles qui peuvent quitter le confinement. Cependant, cette opération paraît compliquée et longue, car il est presque impossible de tester les 66 millions de Français aussi vite que l'Etat français le souhaiterait. Des tests ciblés, mais d'une ampleur assez grande, devraient donc être menés, en prenant en compte notamment deux critères : l'âge et la situation médicale des personnes. Il faut rappeler que le gouvernement français a essuyé de nombreuses critiques pour ne pas avoir anticipé sa réponse contre la pandémie. L'indisponibilité des masques médicaux et des tests sérologiques a été une des raisons qui a fait exploser la pandémie en France, contrairement à l'Allemagne qui a organisé des tests massifs (un demi-million chaque semaine) dès le début de la pandémie. Enfin, les entreprises vont également organiser l'opération de déconfinement en fonction des recommandations du ministère de la Santé. Il n'est pas question que tous les salariés retournent à leur travail d'un seul coup, les reprises du travail devront être étalées dans le temps. Les salariés travaillant dans des secteurs stratégiques seront les premiers à reprendre le travail. Viendront après les autres… Les locaux des entreprises seront également nettoyés avec des produits stérilisants et les salariés vont subir deux tests. Le premier servira à détecter si l'employé est atteint ou pas du coronavirus ; le deuxième, qui est un test sérologique, permettra de détecter l'existence ou pas d'anticorps. Cette stratégie a besoin de plusieurs mois et de beaucoup d'argent pour se mettre en place. C'est dire que le déconfinement ne sera pas totalement réalisé avant septembre prochain, voire la fin de l'année.
Paris (France) De notre correspondant Yacine Farah