– L'Algérie enregistre deux nouveaux cas de coronavirus. Est-ce que le niveau d'alerte doit être, selon vous, revu à la hausse ? Le niveau d'alerte face à des épidémies est fixé selon des critères d'évaluation de la situation épidémiologique. L'Organisation mondiale de la Santé (Oms) a décrété la semaine dernière le niveau d'alerte mondiale très élevé eu égard à l'évolution de la situation de l'épidémie du coronavirus Covid-19. Au niveau interne, chaque pays évalue la situation pour adapter son niveau d'alerte. Ce qui peut changer selon l'évolution de la situation épidémiologique et dans quel stade elle se situe selon la propagation et l'ampleur de l'épidémie. – L'OMS a décrété effectivement un niveau d'alerte mondiale très élevé. Quel impact cela peut-il avoir sur les pays en matière de protection des populations ? Cela signifie que les Etats membres doivent prendre des dispositions robustes afin de mieux capter et contrôler les cas infectés. C'est aussi un moyen de se préparer pour mettre en place les moyens nécessaires de riposte à ce virus, qui se propage à travers les continents. A travers la mise en place de toutes ces mesures, on peut surtout organiser les plans de la prévention et les systèmes de prise en charge des personnes. – Le Règlement sanitaire international (RSI) fait obligation aux Etats membres de déclarer les cas de contamination au coronavirus. Quelles sont les mesures prises contre les pays récalcitrants ? Il n'existe aucune disposition réglementaire contre ces pays. Je dois rappeler que l'OMS et le RSI font obligation aux Etats membres de coopérer et déclarer d'éventuels cas de coronavirus ou autre problème de santé publique grave, car cela peut constituer un danger de santé publique pour les populations autochtones et les pays voisins. Nous n'avons pas de moyens de coercition, mais on peut juste négocier avec les pays qui refusent de faire les déclarations. Par contre, dans le cas où l'Organisation dispose de preuves fiables sur l'existence de cas avérés et testés positifs, la déclaration sera faite par l'OMS. – L'épidémie est devenue aujourd'hui mondiale. Peut-on parler de pandémie ? Oui, bien sûr. Nous allons inéluctablement vers une pandémie vu l'ampleur de l'épidémie mondiale. L'Oms n'a pas jugé utile au stade actuel de décréter une pandémie. Mais à l'allure où vont les choses au niveau international et si la tendance se maintient, je suis sûr que d'ici quelques semaines ce sera le cas. – Cela change-t-il quelque chose dans la lutte contre cette épidémie ? Non. Cela ne change rien du tout. Ce n'est qu'une question de sémantique et le dispositif d'alerte, de contrôle ainsi que les mesures de prévention ne vont pas changer. – Peut-on désormais considérer que cette épidémie n'est en fait qu'une grippe saisonnière virulente ? Le nouveau coronavirus Covid-19 a des caractéristiques différentes du virus de la grippe saisonnière bien que l'on retrouve les mêmes symptômes que la grippe saisonnière chez les personnes infectées. Mais sa propagation et le taux de mortalité sont différents de celui de la grippe saisonnière. – Cette épidémie a-t-elle atteint son pic mondial ? C'est difficile de l'affirmer. Il y a une semaine, l'épidémie avait une tendance à la baisse en Chine après avoir eu un premier pic ; subitement, le nombre de cas reprend à la hausse et elle s'étend encore. Pour le moment, on ne peut rien dire, mais dans le reste du monde, il s'agit actuellement plutôt d'une épidémie qui se propage. Ce n'est qu'à l'extinction totale de cette épidémie que l'on pourra évaluer le nombre de pics enregistrés durant toute cette période.