A l'approche des vacances de printemps, comme chaque année, l'association Sirius d'astronomie, basée à Constantine, met en place une série d'activités scientifiques de divertissement destinées aux écoliers et élèves, faite d'expositions, ateliers d'activités manuelles, et séances de planétarium, et ce, dans la plus pure tradition de la vulgarisation scientifique. Notre pays est balayé par une crise sanitaire sans précédent et nulle ne peut présager de son ampleur ni du nombre de ses victimes. Cette contribution n'a pour raison d'être que pour avertir de la gravité du moment et porter un éclairage scientifique sur les événements qui, comme la marée, tantôt haute et tantôt basse, charrie avec elle des rébus d'informations qui ne sont pas vraies, puisque corrompues. Elle est le concentré d'une lecture de centaine d'articles scientifiques publiés dans des revues internationales traitant de cette pandémie. Le SARS-CoV-2 n'a pas été créé en laboratoire, des articles publiés dans des revues comme, Nature ou Sciences, nous informent sur l'origine naturelle de ce virus, donc dépourvu de toute manipulation humaine, n'en déplaise au complotistes de tous bords. Une autre particularité, le virus a besoin de muter naturellement pour s'adapter et se propager, raison pour laquelle il présente de faibles variations dans sa séquence, d'une région du monde à l'autre. Pour rappel, le virus est le septième à infecter l'humanité et le troisième à lui causer des maladies graves : SARS-CoV, en 2003 et le MERS-CoV, en 2012. Toute manipulation génétique d'un organisme laisserait des traces ! En général, pour faire un nouveau virus, les chercheurs devraient utiliser un premier virus proche du SARS-CoV-2. Dans ce cas, si le coronavirus ressemble un peu au SARS-Cov, il en reste toutefois génétiquement éloigné. Conclusion, ce virus est d'origine naturelle, nouveau et dangereux, ce qui explique les difficultés qu'éprouve la communauté médicale à le combattre efficacement. La chloroquine ou son dérivé l'hydroxychloroquine a certes donné des signes d'efficacité dans le traitement du Covid-19, mais nombreux sont les scientifiques sont prudents, notamment à cause d'une éventuelle toxicité. Les Etats-Unis, l'Iran, l'Italie, la Chine… l'utilisent dans leurs essais cliniques, mais sur des cas avérés de Covid-19. En outre, l'OMS a recommandé l'intégration de cette molécule dans les prochains essais cliniques, recommandations suivies par l'Algérie. C'est le cas pour un possible vaccin, la communauté scientifique pense que la mise en place d'un vaccin ne serait effective que dans quelques mois et sa disponibilité est attendue pour la deuxième moitié de cette année pour les plus optimistes d'entre eux. Que dire alors de la médication, aucune firme pharmaceutique, ni étude scientifique n'ont annoncées travailler sur le Covid-19, puisque ce virus est nouveau. Les essais de médication dans l'urgence ont été majoritairement faits en Chine par l'utilisation d'antirétroviraux notamment Arbidol, Umifénovir, Lopinavir, Ritonavir et tous se sont avérés à efficacité relative; les auteurs de ces études évoquent juste l'absence de traces du virus dans les voies nasales. Ces mêmes études ont été contredites par de nombreuses autres études qui n'ont pas trouvé de bénéfices thérapeutiques de ces molécules. In fine, il n'existe pas à l'instant de molécules spécifiques pour prévenir ou traiter le COVID-19, tous les médicaments existants sont utilisés comme soutien aux personnes atteintes, pour réduire l'effet de la pathologie. Contagions et contingences, quel est le temps moyen qui sépare l'infection d'une personne de celle de ses descendants directs dans une chaine de transmission ? Dans plusieurs études scientifiques publiées récemment, les auteurs expliquent le mode de transmission de ce virus. Une personne infectée est à son tour contagieuse en moyenne dans les 2-3 jours suivants, alors qu'elle est encore asymptomatique. Une étude récente, basée sur des modèles mathématiques, évoque un intervalle à durée variable : 3,95 jours (Chine) et 5,20 jours (Singapour). Il semblerait donc que ce délai soit variable selon la densité de la population et l'étendue de l'épidémie. La communauté médicale retient actuellement un intervalle de génération de 3,5 jours pour les plus optimistes et 48 heures pour les autres. Un facteur supplémentaire à savoir le taux de reproduction de base ou Ro (R zéro), qui est l'équivalent de l'échelle de Richter des maladies transmissibles,est une estimation de la contagiosité qui est fonction du comportement humain et des caractéristiques biologiques des agents pathogènes. Le Roa été estimé pour le Covid-19, il se situe entre 1,4 et 2,5, donc proche de celui de la grippe saisonnière et moins élevé que celui de la rougeole entre 12 et 18. Malheureusement, c'est la période d'incubation qui est souvent courte, pour le Covid-19 et un potentiel élevé de contagiosité en période asymptomatique ou pré-symptomatique. Le Covid-19 chez les enfants : une étude majeure parue dans le journal de l'académie américaine de pédiatrie (Pediatrics) avec 2141 atteints de coronavirus, cas confirmés (34%) et cas suspectés (66%), montre que les jeunes de moins de 15 ans, présentent des symptômes moins prononcés que les adultes. Une autre étude parue dans le New England Journal of Medecine qui porte sur 1391 enfants en Chine : 171 cas confirmés (12,3%) avec un âge médian de 6,7 ans. Ils présentaient, une fièvre dans 41,5% et asymptomatiques dans 15,8%des cas. Vingt et un patients hospitalisés dans un état stable, parmi eux 3 patients en soins intensifs et présentaient une lymphopénie (moins de 1 200 lymphocytes par microlitre de sang). Enfin au 8 mars 2020, seul un patient décède, un enfant de 10 mois avec comorbidité. Age des personnes atteintes et comorbidité : plusieurs études publiées montrent que toutes les classes d'âges sont concernées et les personnes âgées de plus de 60 ans, avec une pathologie préexistante comme, les maladies pulmonaires, l'hypertension artérielle, le cancer, le diabète ou les cardiopathies, sont les plus gravement atteintes. De même qu'il n'y a pas de différence significative entre les hommes (52%) et les femmes(48%) des atteints. Les symptômes cliniques les plus décrits : le tableau clinique des personnes atteintes de Covid-19 rapportait dans la littérature scientifique, présentaient majoritairement une insuffisance respiratoire aiguë (95%). Clinique : fièvre (87%), toux (60%), fatigue (39%), diarrhée (14%) odynophagie (mal à la gorge ou à l'œsophage)(13%). Biologie : Absence d'hyperleuco-lymphopénie (60%) et une CRP normale (99%). Scanner : lésions périphériques (90%) en verre dépoli (60%) et épaississement vasculaire (80%) signe du Halo (64%). Une augmentation des lésions et du nombre de zones atteintes entre les 6e et 11e jours de la maladie, avec un pic vers le 10e. Il a été rapporté plusieurs fois dans la presse internationale (25 mars 2020), la présence de patients Covid-19, qui se plaignaient de la perte du goût et de l'adorât. Dans un rapport de l'OMS-Chine paru en février 2020, les auteurs divisent les symptômes en 4 groupes : symptômes légers ou modérés, symptômes sévères et enfin critiques,représentent respectivement : 80%, 15% et 5% des patients. Concernant la charge virale, elle était environ 60 fois plus élevée dans les cas sévères que ceux avec symptômes bénins. La mortalité par la Covid-19 : le taux de létalité est un bon indicateur de la sévérité de l'épidémie. Le CFR (Case Fatality Ratio) est le rapport du nombre de décès par le nombre de cas observés. Il est calculé selon plusieurs méthodes faisant de lui un indicateur de tendance et non de certitude et sous-estime parfois le nombre de cas en particulier les patients asymptomatiques ou pré-symptomatiques. Si certains calculs du CFR prennent en compte le délai entre la survenue de la maladie et le décès, ce délai est considéré comme identique à celui entre l'apparition de la maladie et de la guérison, ce qui n'est pas toujours vrai. Mais tous les modèles proposés dans la littérature scientifique exigent pour être précis la disponibilité de données fiables, ce qui rend ce CFR dépourvu de sens dans système de santé déstructuré comme le nôtre. Néanmoins, les études publiées s'appuient toutes sur le calcul du CFR qui reste un vrai indicateur de la sévérité en un temps précis de la pandémie, même s'il ne présage pas de son évolution. Détection du SARS CoV-2: Une étude publiée le 11 mars 2020 dans Journal of the American Medical Association indique que le virus se loge principalement dans les narines (63%), dans la gorge (32%), rare dans le sang (3%), mais présent dans les selles (29%). Même si cette étude porte sur un faible nombre de patients (205), elle n'a pas été depuis contredite. L'OMS préconise dans son rapport pour le diagnostic du Covid-19 la recherche du virus dans les voies respiratoires par Real Time RT-PCR (technique de référence) sur des prélèvements nasopharyngés. La démarche diagnostic reste simple, un prélèvement nasopharyngé est envoyé à l'un des 5 laboratoires spécialisés : Alger, Oran, Constantine, Tizi Ouzou et Ouargla. Le procédé de diagnostic Real Time RT-PCR est capable de détecter dans un prélèvement des traces infimes du virus. La technique est utilisée depuis des années dans divers procédés de diagnostic, donc fiable, automatisable et à grand débit. L'ensemble de la technique entre le prélèvement et l'obtention des résultats est variable, mais ne dépassant jamais les 24 heures. Il existe divers kits dédiés à la détection du SARS CoV-2, l'Algérie à travers l'Institut Pasteur a opté pour un kit de la firme Qiagen.
Par : Dr M. Bensaada , Maître de conférences, enseignant en génétique, cytogénétique, génétique de développement et génétique à l'université Abbes Laghrour de Khenchela. … et Dr A. Khenchouche , Virologue attaché au laboratoire de biochimie appliquée de l'université Ferhat Sétif 1, et membre de la cellule de réflexion autour de la gestion du Covid-19.