Les dons de sang se raréfient en cette période de pandémie. Pourtant, des milliers de malades ont besoin quotidiennement de ce liquide précieux qui n'est fabriqué par aucune machine au monde. Seul l'être humain peut en produire. Depuis l'instauration des mesures de confinement, plusieurs appels sont lancés par des médecins, des responsables de la Fédération nationale des donneurs de sang (FNDS) et des membres de l'Agence nationale du sang (ANS) pour le don de sang, et ce, en raison de la baisse de la fréquentation des structures de transfusion sanguine induite par la propagation de l'épidémie. Ces professionnels de santé tiennent tous à rassurer les citoyens quant à l'absence de contamination lors des prélèvements, mais en dépit de ces assurances les Algériens ne se bousculent pas aux centres de transfusion pour donner leur sang de crainte d'être contaminés par le Covid-19. Une peur légitime, avoue Kadour Gharbi, président de la FNDS. Propos appuyés par le professeur Aissam Frega, chef de service au centre de transfusion sanguine de l'hôpital Mustapha. Est-il dangereux de donner son sang en cette période de pandémie du coronavirus ? A cette question, M. Gharbi répond par la négativeet affirme qu'il n y a aucun risque de contamination puisque le matériel de prélèvement est sécurisé, stérilisé et à usage unique. Il est jeté immédiatement après son utilisation. C'est un matériel garanti à 100% et en plus, dit-il, l'ensemble des agents portent un masque et la distance nécessaire est respectée entre les donneurs pour éviter toute propagation. D'où son appel insistant aux citoyens d'offrir un peu de leur sang pour sauver des vies. Le Pr Frega confirme et assure que des mesures d'hygiène et de désinfection des surfaces de contact et du matériel associé aux opérations de prélèvement de sang ont été renforcées. «Malgré la pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement instaurées, les Algériens doivent continuer à donner leur sang. Il y va de la vie de centaines de personnes. Et la santé des donneurs de sang est assurée«, note M. Gharbi. Dans cette conjoncture sanitaire particulière que connaissent le pays et le monde, la FNDS a constaté une baisse des dons, notamment après la mise en veille des unités mobiles spécialisés dans la collecte du sang, ainsi que la fermeture des mosquées et des universités. «Avant cette pandémie, nos équipes collectaient le sang au niveau des mosquées et des cités universitaires. Les étudiants étaient aussi nombreux à se déplacer aux centres fixes et mobiles pour offrir leur sang. Aujourd'hui, ces populations sont confinées chez elles et la plupart ont peur de se rendre dans les structures hospitalières«, note M. Gharbi. Certes, les structures sanitaires ne sont pas en rupture de cette substance, mais de crainte d'épuisement des stocks, la FNDS, par l'intermédiaire de ses associations auprès des wilayas, lance des appels à la population pour aller dans des hôpitaux et offrir une petite quantité de leur sang. Le Pr Frega se garde de paniquer. Pour lui, même si l'activité a diminué, il reste toujours des donneurs qui se présentent quotidiennement au niveau des centres et notamment celui dont il a la gestion. Leur peur dit-il est tout fait compréhensible, seulement des mesures stricte ont été prises dans ce sens. Ce professeur se réjouit de voir, ces derniers temps, une prise de conscience des donneurs quant à l'importance de donner leur sang dans ce contexte particulier et aussi par rapport aux mesures barrières et aux règles d'hygiène que l'on doit observer. «Pour le moment nous ne voulons pas faire des appels massifs pour éviter d'avoir des flux difficiles à maîtriser«, confie le Pr Frega, précisant qu'à la lumière des mesures barrières observées dans des centres de transfusion sanguine à travers le monde il n y a aucun risque établi pour le Covid-19 du moins dans la limite des connaissances. A la question de savoir s'il faut favoriser le dépistage généralisé, le Pr Frega répond que l'urgence, aujourd'hui, est d'augmenter la capacité de diagnostic du Covid-19 dans la population. Cette disposition aurait une dimension non seulement épidémiologique, mais aussi économique et le confinement serait ciblé et plus intelligent. Le président de la FNDS ne veut prendre aucun risque, il veut pallier à toute éventualité. Pour lui, si la situation venait à s'aggraver, il est important d'avoir des stocks. D'ailleurs, il estime que le don de sang est une aubaine dès lors qu'il permet au donateur de bénéficier d'un bilan sanguin, d'une analyse ainsi que d'une carte groupage gratuitement. «Le donneur de sang, en plus de l'aumône qu'il fait à un malade, a plusieurs avantages, bénéficie d'un bilan sanguin. Certaines personnes peuvent être porteuses du virus mais l'ignorent. A travers le don de sang elles peuvent découvrir la maladie et être prises en charge à temps, évitant ainsi les complications», rappelle-t-il. Entre autres catégories des malades qui ont grandement besoin de cette substance vitale. M. Gharbi cite les enfants atteints d'hémophilie, de thalassémie et de cancer, les parturientes qui font des hémorragies pendant l'accouchement et les victimes d'accident.